L'Essonne : terre de magistrats (1)
Deux magistrats réformateurs
Michel de l’Hôpital (1506, Aigueperle [Puy-de-Dôme] - 1573, Champmotteux [Essonne]), réformateur et pacificateur au temps des guerres de religion.
Son père Jean s’attache au service de Charles de Bourbon, connétable de France, qui le fait bailli de Montpellier et auditeur de ses comptes à Moulins. Suivant son père en exil en Italie du fait de la disgrâce du connétable, Michel de l’Hôpital fait des études de droit à Padoue et devient auditeur de la Rote à Rome, avant de revenir à Paris en 1534 avec son protecteur le cardinal de Grammont.
Il obtient une charge de conseiller au Parlement grâce à son beau-père, le lieutenant criminel Morin, en 1537 ; ambassadeur du roi de France au concile de Trente en 1547, puis chancelier particulier de la sœur du roi Henri II, Marguerite de Valois en 1550, il poursuit son ascension en entrant au Conseil privé en 1553, puis comme Premier Président de la Chambre des comptes en 1555.
Nommé chancelier de France par Catherine de Médicis en 1560, l’œuvre de Michel de l’Hospital est marquée, jusqu’à la résignation de sa charge en 1568, par un grand esprit de tolérance, à la veille des guerres de religion, et par un fort souci de réorganisation dont témoignent notamment les ordonnances d’Orléans (1561) et de Moulins (1566).
Retiré à Vignay près d’Étampes jusqu’à sa mort à Champmotteux le 15 mars 1573, au lendemain du massacre de la Saint-Barthélémy, Michel de l’Hôpital a associé son nom aux grandes figures de la justice.
Son tombeau est aujourd’hui encore visible dans l’église de Champmotteux, surmonté d’une magnifique statue de saint Michel terrassant le dragon, sculptée par l’un des grands artistes de la Restauration Carlo Marocchetti en 1836.
René Nicolas Charles Augustin Maupéou (1714, Montpellier [Hérault] - 1792, Le Thuit [Eure]), l’un des derniers défenseurs d’une réforme globale de la justice avant la Révolution.
Fils de René Charles de Maupéou, premier président au parlement de Paris et garde des sceaux (1763-1768), membre d’une famille de robe du XVIe siècle anoblie par Henri III et dont une branche avait acquis le château du Mousseau à Évry, René de Maupéou succéde à son père en 1768 et, après avoir obtenu la disgrâce de Choiseul en 1770, engage une réforme de la justice contre l’avis du Parlement et des parlementaires qu’il fait exiler par lettres de cachet en 1771.
Le caractère novateur de sa réforme (fin de la vénalité des offices, gratuité de la justice par la fin des « épices », enregistrement immédiat des lois, réorganisation du ressort du parlement de Paris), ne résiste pas longtemps à la fronde parlementaire. Les anciennes cours sont rappelées en 1774, et Maupeou renvoyé dans ses terres.
À noter son alliance avec la famille de Lamoignon, par son mariage avec la fille d’Urbain Guillaume de Lamoignon (1674-1742), Anne Louise Victoire.