À la fin des années trente, Détective connaît moins de succès. D’après l’analyse de son directeur Marius Larique, la crise du 6 février 1934 a relancé l’intérêt pour la politique et diminué la passion pour les faits divers.
Détective s’investit donc dans les grandes affaires politiques. Il tente de résoudre lui-même le mystère de l’affaire du conseiller Prince. Le corps déchiqueté de ce magistrat qui enquêtait sur l’affaire Stavisky avait été retrouvé sans vie au kilomètre 311 de la ligne ferroviaire Paris-Dijon. Suicide ou assassinat voire assassinat d’état ? Le mystère reste aujourd’hui encore entier. Détective envoie cinq envoyés spéciaux (Henri Danjou, Emmanuel Car, Marcel Montarron, Étienne Hervier, Jean-Gabriel Séruzier et Marcel Carrère), c’est-à-dire quasiment l’intégralité de sa rédaction titulaire sur les lieux de l’énigme. Dans une correspondance privée avec Gallimard, Marius Larique évoque même l’idée d’offrir un million à qui ferait découvrir les assassins de Prince, « bluff susceptible de faire parler de nous ».
Détective suit également en 1935 la conquête de l’Éthiopie par l’Italie mussolinienne et envoie des reporters expérimentés comme Marcel Montarron et Harry Grey couvrir la guerre d’Espagne. À plusieurs reprises, Détective consacre des sujets à la montée du nazisme en Allemagne et montre un certain antigermanisme. Dans le numéro 445, le journal prétend même que « le service d’espionnage allemand » était déjà à l’origine du crime perpétré par Troppmann en 1869 !
Concrètement le plan d’économies arrêté par Gallimard occasionne dès 1936 un licenciement de personnel et une réduction des frais de reportage. Pour tenter d’enrayer l’érosion du lectorat, Détective se lance dans l’aventure occulte, l’astrologie, les mystères, l’au-delà et le spiritisme. Les romans-feuilletons qui avaient disparu dès 1931 resurgissent. En 1936, Détective a beau se féliciter de l’arrivée à la rédaction de Harry Grey, reporter américain de chez Police-Magazine et Pathé Natan « qui a filmé le bateau-prison Uruguay », le journal manque de moyens et d’inspirations.