2. La maison centrale

Plan du chapitre

La maison centrale

En 1790-1791, Lille ne dispose plus que de deux grandes prisons civiles. La prison royale, ou Tour Saint-Pierre - à ne pas confondre avec la prison militaire (de) Saint-Pierre -, une vieille bâtisse isolée sise à l’ancienne Porte de Saint-Pierre, renferme « les déserteurs, les mendiants, les fraudeurs, les arrêtés pour dettes et les criminels ». La prison de ville, ou « Petit Hôtel », contiguë à l’hôtel de ville, contient « les détenus pour faits de police » et « les criminels poursuivis par-devant les échevins ». Ces deux prisons, formant chacune un seul corps de logis divisé par des cloisons de bois, sont solides mais peu sûres en cas d’incendie. Les étages sont assez aérés, les cachots souterrains n’ont d’autre ouverture que le guichet des portes. Elles accueillaient chacune entre dix et vingt prisonniers sous l’Ancien Régime, mais leur population s’envole en ce début des années 1790 : quatre à cinq lits s’entassent dans chaque chambre, deux prisonniers dorment le plus souvent dans le même lit. A la prison royale, les prisonniers ont du pain et de l’eau, les mendiants ont une soupe. à la prison de la ville, les prisonniers ont de surcroît du beurre et de la bière..

A la fin du XVIIIe siècle, à côté des prisons ordinaires, existent des maisons (ou couvents) de force, des maisons de correction et des dépôts de mendicité. Ces établissements sont destinés à accueillir les prisonniers ayant fait l’objet d’une lettre de cachet (décernée par le roi), d’une mesure administrative (ordonnée par exemple par l’intendant) ou privée (une famille qui fait enfermer un fou, ou un mineur par voie de correction paternelle), ou encore jugés par une juridiction extraordinaire (tribunal de police ou de la maréchaussée). Le département du Nord dispose d’une dizaine d’établissements de cette nature, dont quatre au sein de la métropole lilloise. Les Bons Fils gèrent ainsi trois établissements : Armentières et Lille, mais aussi Saint-Venant, dans le Pas-de-Calais. Ce sont des maisons de force, mais qui se sont progressivement spécialisées même si, sous l’Ancien Régime, le mélange des catégories de prisonniers est une constante. Armentières accueille surtout des prisonniers par lettre de cachet criminels, mais au comportement stable ; Saint-Venant est plutôt une maison de correction pour jeunes délinquants ; Lille est principalement maison de santé réservée aux fous (54 en 1788, 82 en 1792 sur 109 prisonniers). La maison de Lille est très sûre, entourée de hauts murs. Les vingt frères partagent la nourriture des fous, « le bouilli et deux entrées pour le matin, et pour le soir deux plats et une salade avec de la forte bière ».

Du dépôt de mendicité à la maison centrale (1817)

Extrait de l'Ordonnance royale du 6 août 1817 :
"Article 1er. Le dépôt de mendicité fondé le 8 mars 1812 est supprimé
Art. 2. Nous créons une maison centrale de détention dans les bâtiments de l’ancienne abbaye de Loos, près la ville de Lille […]
Art. 3. Une partie des bâtiments sera néanmoins réservée et disposée pour servir de maison de correction, de manière que les individus condamnés à moins d’une année d’emprisonnement ne soient point confondus avec les individus condamnés à plus d’une année d’emprisonnement et à la réclusion.
Art. 4. Il sera formé dans la maison de détention et dans la maison de correction des ateliers pour différents genres de travaux avec les séparations convenables".

Principal ouvrage de Marquet-Vasselot, directeur de la maison centrale

Ce livre est paru alors que Marquet-Vasselot dirigeait la maison centrale d'Eysses (Lot-et-Garonne). Marquet-Vasselot fit ensuite un passage à Fontevrault, avant d'être nommé à Loos en 1829. Controversé, il dirige l'établissement d'une main de fer jusqu'en 1841...