2. Un récit fantasmé

Plan du chapitre

La scène de l'assassinat

L’acte d’accusation du 12 juin 1817 scelle le destin des accusés et le récit des événements de la soirée. Il condense toutes les affabulations des multiples témoins et sera le socle des extrapolations futures. Le document présente le crime comme une véritable épopée tragique. À la nuit tombée, des joueurs de vielle couvrent de leur musique l’enlèvement de la victime alors qu’elle se rend à un mystérieux rendez-vous. Bâillonné, Fualdès est conduit sous la menace dans la maison Bancal ; la victime est « étendue sur une table et égorgée avec un couteau de boucher » ; son sang est « reçu dans un baquet et donné à un cochon qui ne put le finir » ; le surplus est jeté.

La maison Bancal

Que n’a-t-on pas dit et écrit sur « l’infâme maison Bancal » ? Qualifiée de bouge ou de lieu de prostitution, elle est présentée par l’accusation comme la maison du crime. Elle agrège tous les fantasmes liés à cette affaire et semble circonscrire, dans un espace clos, toutes les infamies. La rue des Hebdomadiers n’était pas le quartier mal famé si souvent décrié. Cette habitation modeste du XVIIIe siècle était une maison d’hebdomadiers, ces prêtres chargés d’un service hebdomadaire à la cathédrale voisine. Son propriétaire, le boucher Vergnes, en avait fait un immeuble de rapport abritant de nombreux locataires.