L’emploi du temps des pupilles est (théoriquement) le suivant :
Horaires garçons :
6 heures : Réveil
6 heures 30 : Petit déjeuner
7 heures 30 : Ouverture et nettoyage des chambres
8 heures/9 heures 30 : Éducation physique et promenade
9 heures 30/10 heures 30 : Déjeuner
10 heures 30/11 heures 45 : Éducation physique et promenade
12 heures/13 heures 30 : Repos. Lecture dans les chambres
13 heures 30/16 heures : Jeux en commun
16 heures/17 heures : Dîner
17 heures/18 heures : Été : jeux à l’extérieur / Hiver : dans les chambres (visite du sous-directeur)
18 heures/19 heures 30 : Dans les chambres (repos et lecture)
19 heures 30 : Coucher
Horaires filles :
6 heures : Réveil
6 heures 30 : Nettoyage des bureaux, habillement des mineures extraites ; ouverture et nettoyage des chambres
7 heures 30 : Petit déjeuner
8 heures/9 heures 30 : Vagabondes : éducation physique et jeux / Prévenues jugées : travail
9 heures 30/10 heures 30 : Déjeuner
10 heures 30/11 heures 45 : Vagabondes : travail / Prévenues jugées : éducation physique et jeux
12 heures/13 heures 30 : Repos. Lecture dans les chambres
13 heures 30/16 heures : Travail
16 heures/17 heures : Dîner
17 heures/18 heures : Été : jeux à l’extérieur / Hiver : conférences
18 heures/19 heures 30 : Travail
19 heures 30 : Coucher
Source : Seine, Prisons de Fresnes, rapport au ministre de la Justice, 29 décembre 1938, Archives nationales F1a 4577.
Ainsi, l’emploi du temps des garçons leur autorise beaucoup plus d’activités à l’air libre que celui des filles puisqu’ils disposent de 6 heures quotidiennes l’été et de 5 heures quotidiennes l’hiver pour des promenades dans les préaux et de jeux et d’éducation physique dans les cours.
Ces exercices physiques constituent toutefois à peu près leur seule occupation de la journée en dehors des repas et de quelques heures de cellule consacrées à la lecture et à la correspondance.
Les filles ne disposent, elles, que de deux heures et demie d’exercices physiques l’été et d’une heure et demie l’hiver, le reste du temps étant consacré au travail (qui se résume à la confection de bouquets de fleurs artificielles).
Mais cet horaire réglementaire n’est absolument pas respecté du fait d’un manque constant de personnel encadrant. Par exemple, à partir de 1936, le maître n’assure plus son service à Fresnes car il doit conduire quotidiennement à Paris une équipe de pupilles employés dans les locaux de l’administration centrale. Du fait des vacances d’emploi dues aux mutations et aux promotions, il manque toujours un volant important de moniteurs (par exemple 5 en 1938). Si l’on ajoute à cela le fait qu’il y a tous les jours deux moniteurs en congé annuel et trois en repos de descente de garde ou hebdomadaire, il reste en moyenne sept moniteurs en service chaque jour alors que le nombre de pupilles atteint le chiffre de 273 en 1938 ! Cette situation empêche les pupilles de pouvoir profiter de leur temps de promenade à l’extérieur et, dans les faits, ils passent la plus grande partie de leur journée oisifs dans leurs cellules.
Les mineurs, comme les majeurs, sont soumis au régime cellulaire et ne sont placés en commun que deux fois par jour : pendant les exercices physiques et durant les conférences. Des terrains de sport pour les pupilles sont aménagés dans trois cours de promenade de l’établissement : « Des enfants de 13 à 18 ans ne peuvent vivre toute une journée sans se dépenser, aussi a-t-on songé à créer dans 3 cours situées derrière la maison d’éducation surveillée des terrains de sport : un terrain de football, un terrain de basket-ball et un terrain d’athlétisme avec piste de course à pied, sautoirs, portique et barres fixes. » (Robert Meurillon, Maison d’éducation surveillée de Fresnes, 1932, cité in É. Yvorel, Les Enfants de l’ombre. La vie quotidienne des jeunes détenus au XXe siècle en France métropolitaine, op. cit., p. 64).
Durant ces rassemblements collectifs, les conversations demeurent strictement interdites. Et le reste du temps, les pupilles demeurent seuls dans leur cellule (sauf en cas de surpopulation). Cet isolement a pour but, selon l’inspecteur général des services administratifs, de permettre un meilleur travail d’observation : « Je n’insisterai pas sur les avantages généraux de cet isolement pendant la courte période que les pupilles passent à Fresnes, mais il est intéressant de noter au point de vue de l’étude psychologique des enfants, que ceux-ci, seuls devant leurs instituteurs ou leurs maîtres, sans galerie, sans raison de « crâner » se laisseront aller à leur véritable nature, ils seront eux-mêmes et s’abandonneront plus aisément aux confidences. » (Seine, Prisons de Fresnes, rapport au ministre de la Justice, 29 décembre 1938, Archives nationales F1a 4577.)