1. Manger et dormir

Plan du chapitre

Un quotidien surveillé

Les colonies publiques sont autonomes. Les « élèves » subviennent aux besoins de l’institution par leur travail (agriculture, élevage…) dont le surplus est vendu à l’extérieur mais participent également aux tâches quotidiennes. La maison d’éducation surveillée de Saint-Hilaire possède donc ses cohortes de blanchisseurs, de raccommodeurs et de cuisiniers – ici mis en scène dans la cuisine, dans la réserve et au raccommodage.

Le photographe, par le choix de la vue générale, a cherché à montrer le labeur des garçons mais également à mettre en avant la modernité de l’équipement.

La discipline du repas

Normalement moment de convivialité, le repas dans les institutions publiques se fait en silence. Dans le réfectoire de Saint-Hilaire, les sanctions pour indiscipline sont fréquentes comme l’illustrent les punis face au mur, et en vue de leurs condisciples, à droite de la photographie.

Cages à poules et progrès sanitaires

La proximité favorise la contamination du vice. Fort de ce constat, les responsables des institutions publiques d’éducation surveillée abandonnent progressivement l’usage des dortoirs au profit des "cages à poules", enclos grillagés individuels où dorment les colons (à gauche de la photographie).
L’exigence sanitaire s’accroît également et Saint-Hilaire met en place une rigole qui permet la toilette quotidienne.

Le quartier cellulaire

A côté des "cages à poules", lieu de sommeil quotidien et ordinaire, un quartier cellulaire composé de cellules de punition est prévu pour les colons indisciplinés. Le puni y est totalement isolé, il n'a droit qu'à une demi-heure de promenade par jour dans une cour individuelle et cette peine de "mitard" peut être assortie d'autres restrictions telles "le régime de pain sec et à l'eau" ou l'occlusion de la fenêtre de la cellule par une planche en bois.

Une cuisine moderne après guerre (1945-50)

Élèves chargés des repas dans la cuisine de l’IPES (Institut public de l'éducation surveillée) de Saint-Hilaire.Comme chaque fois que l’équipement ménager est mis en scène, le photographe semble vouloir insister sur la modernité (machine en premier plan) et la propreté des ustensiles et linges de maison.

Une "chambrette" après guerre

Les "cages à poules" sont progressivement délaissées au profit de chambres individuelles. Les élèves des IPES sont autorisés à décorer leur espace personnel, souvent appelées "chambrettes", mais ce privilège peut-être abrogé en cas de mauvais comportement. L’impression d’ordre et de discipline est palpable dans cet espace réduit.

Contrepoint 1 : L’oeuvre d’Henri Manuel, reporter-photographe (1928-1932)

Les photographes du studio Henri Manuel dans les maisons d’éducation surveillée sont un témoignage précieux pour l’historien. Cependant, il est nécessaire de rappeler qu’il s’agissait d’une commande de l’administration pénitentiaire. Cette dernière désirait mettre fin à la polémique qui entourait ses établissements pour mineurs et elle a certainement fait part de cet objectif lors de sa commande. Cette photographie des jeunes filles de l’école de préservation de Doullens, à Clermont-de-l’Oise, illustre l'angle de vue des studios Henri manuel : une sélection des clichés a probablement été opérée dès le passage en institution. En effet, l’observateur attentif constate ici que les pupilles "posent" devant l’objectif puisqu’elles ne font que mimer l’action de se laver les mains… l’eau ne coule pas !

Continuer la visite de l'exposition Saint-Hilaire. Colonie pénitentiaire (1930-1960)