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L'affaire Dreyfus (1894-1906)

Mauricette Berne

 

Affaire Dreyfus (Petit Journal)

« Je n’étais  qu’un officier d’artillerie qu’une tragique erreur a empêché  de suivre son chemin » (Alfred Dreyfus à Victor Basch)

 

Condamné à tort pour crime de haute trahison à la détention à perpétuité, victime de  violentes campagnes antisémites dans l’armée, dans la presse nationaliste et même au sein du gouvernement, le Capitaine Dreyfus, déporté à l’Ile du Diable, héros d’une Affaire devenue mythique qui divisa le pays en deux est devenu le symbole de l’innocence bafouée, mais aussi celui du courage, de l’honneur, de la force de caractère, de l’amour de la patrie.

 
« Tout dans la  vie semblait me sourire »

Alfred Dreyfus naît le 9 octobre 1959 à Mulhouse dans une vieille famille juive alsacienne, dernier enfant de Jeannette Liebmann et de Raphaël Dreyfus. Ce  dernier, qui, depuis 1862, est à la tête d’une manufacture de  tissage prospère choisit, pour ses enfants  mineurs, la nationalité française après la défaite de 1870 et donc l’exil. Alors que les deux frères aînés seront associés à l’entreprise familiale, les deux plus jeunes garçons Mathieu et Alfred ne seront pas tenus d’embrasser la même carrière.

Couvé par ses aînés, le petit dernier manifeste très tôt des « idées exagérées d’honneur, de justice, idées qui s’accentuant avec le temps, lui  fit donner plus tard par les siens le surnom de « Don Quichotte ».  Pour cet enfant sensible, doué, intelligent, animé de profonds sentiments patriotiques, la carrière des armes s’impose donc. Et  c'est pourquoi après de brillantes études au lycée Chaptal et au  collège Sainte Barbe, il choisit de préparer l’Ecole Polytechnique où il est reçu en 1878, dans un rang correct.

À la sortie de l’Ecole polytechnique, après deux ans à l’Ecole d’application de  Fontainebleau, il est nommé lieutenant au 31 régiment d’artillerie,  puis capitaine en 1889.  Reçu à l’Ecole supérieure de guerre en  avril 1890, il y poursuit un cursus assez brillant pour intégrer,  bien que juif, l’état-major de l'armée où il entre le premier janvier 1893 : « La carrière  m’était ouverte brillante et facile ; l’avenir se montrait sous de beaux auspices ».

Sa vie privée est, en  effet, heureuse : en avril 1890, il a épousé Lucie Hadamard, d’une riche famille de diamantaires parisiens,  petite fille de polytechnicien, qui lui a été présentée par son  camarade Paul Hadamard, d’une promotion légèrement antérieure à  la sienne. Le couple mène une vie de famille simple et  privilégie, aux mondanités, les longues soirées de lecture, les  moments passés avec leurs deux enfants Pierre et Jeanne : « Jamais  nous ne voulions faire de visites ; nous restions cantonnés chez nous nous contentant d’être heureux. »

Le 1er octobre 1894, Alfred Dreyfus commence le stage réglementaire dans un  régiment d’infanterie stationné à Paris, et, lorsqu’il est  invité quinze jours plus tard à se présenter « en tenue  bourgeoise » au ministère de la Guerre, il ne soupçonne  absolument pas que ce jour-là sa vie va basculer.


« Un  cauchemar épouvantable »

Dans le cabinet du chef d’état -major, il est soumis à l’épreuve de la dictée, de la  confrontation d’écriture avec celle du fameux bordereau contenant des informations sur des secrets militaires français qui aurait été  transmis à l'ambassade d'Allemagne. La séance se termine par la proclamation du commandant du Paty de Clam  : « Au nom de la  loi, je vous arrête ; vous êtes accusé du crime de haute trahison »

Accusé d’espionnage, d’intelligence avec l’ennemi, accusé d’avoir rédigé un  bordereau, il est immédiatement conduit par le commandant Henry à la prison du  Cherche-Midi et mis au secret .

Pendant ce temps, Lucie Dreyfus apprend sans ménagement par le même du Paty de Clam l’arrestation de son mari. Elle est tenue au silence.

Leur  appartement est perquisitionné. la correspondance privée, les dossiers de travail,  les cours de l’Ecole de guerre saisis. Une perquisition a lieu également au domicile de ses beaux parents.

Dans les jours qui suivent Alfred Dreyfus commence par se révolter : « J’ai  été accablé, atterré dans ma prison sombre, en tête à tête  avec mon cerveau, j’ai eu des moments de folie farouche, j’ai  même divagué, mais ma conscience veillait. Elle me disait « Haut  la tête et regarde le monde en face ! Fort de ta conscience,  marche droit et relève-toi ! C’est une épreuve épouvantable, mais il faut la subir ! »

Le commandant Forzinetti, directeur de la prison est le seul à manifester de la compassion et à croire à l’innocence du prisonnier. Jamais plus Alfred Dreyfus ne connaîtra pareille compréhension. Bien au contraire

Cette bienveillance  transparaît dans le récit que Forzinetti fera plus tard de cette détention dans lequel il raconte l’extrême désespoir de son  prisonnier : « Il était dans un état de surexcitation  impossible ; j’avais devant moi un véritable aliéné, aux  yeux injectés de sang, ayant tout bouleversé dans sa chambre. Je parvins, non sans peine, à le calmer. Il  arrive même à  lui faire promettre de ne pas attenter à ses jours.

Dans ces moments de divagation, en tête-à-tête avec lui-même, car il n’a toujours  pas le droit d’écrire à sa femme, il se fait des reproches:  « Ma réserve un peu hautaine, la liberté de ma parole et de mon jugement, mon peu d’indulgence me font aujourd’hui le plus grand tort. Je ne suis ni un souple, ni un habile, ni un  flatteur ».  Mais il ne croit toujours pas à une possible inculpation, fort de son innocence.

La  première lettre à Lucie est datée du 5 décembre il y récapitule  les événements qu’il vient de vivre:“Enfin je puis t’écrire,  on vient de me signifier ma mise en jugement pour le 19 de ce mois.  On me refuse le droit de te voir[…] Tout nous souriait dans la vie.  Puis tout à coup un coup de foudre épouvantable dont mon cerveau est encore ébranlé. Moi, accusé du crime le plus monstrueux qu’un  soldat puisse connaitre! Encore aujourd’hui je me crois le jouet d’un cauchemar épouvantable”.

Mais dans les lettres suivantes il ne peut s’empêcher de revenir sur  les idées d’honneur et de patrie: “Avoir travaillé toute sa vie  dans un but unique, dans le but de revanche contre cet infâme  ravisseur qui nous a enlevé notre chère Alsace et se voir accusé  de trahison envers ce pays, mon esprit se refuse à comprendre ! Te  souviens tu que je te racontais que, me trouvant il y a une dizaine  d’années à Mulhouse, au mois de septembre, j’entendis un jour  passer sous nos fenêtres une musique allemande célébrant  l’anniversaire de Sedan, ma douleur fut telle que je pleurai de rage, que je mordis mes draps de colère et que je me jurai de consacrer toutes mes forces, toute mon intelligence à servir mon  pays contre celui qui insultait ainsi à la douleur des Alsaciens.”

A  partir de ce moment, à travers les lettres qu’ils vont échanger,  va se mettre en place une stratégie de survie qui sera une des clés  e sa résistance, même dans les moments les plus tragiques.  Recopiées par Lucie, les lettres d’Alfred seront communiquées à  tous les membres des deux familles.

« Je suis  innocent »

Après sept semaines  d’instruction, après un rapport d’information rédigé par la  Commandant d’Ormescheville, tandis que le condamné est toujours au  secret, le procès a lieu à huis clos du 19 au 22 décembre devant  le conseil de guerre de Paris. Défendu par maître Demange, Alfred  Dreyfus aborde ces journées avec confiance et à la veille de  l’ouverture des débats confie à sa femme : « J’arrive  enfin au terme de mes souffrances, au terme de mon martyre, demain je  paraitrai devant mes juges, le front haut, l’âme tranquille. L’épreuve que je viens de subir, épreuve terrible s’il en fut,  a épuré mon  âme  […] J’ai eu des moments de folie furieuse à  la pensée d’être accusé d’un crime aussi monstrueux

Je suis prêt à paraître devant des soldats, comme un soldat qui n’a rien à se reprocher.  Ils verront sur ma figure, ils liront dans mon âme, ils acquerront  la conviction de mon innocence comme tous ceux qui me connaissent.”

Et pourtant, le 22 décembre, malgré le talent de son avocat qui démontre la fragilité des preuves, la contradiction  des analyses graphologiques, Alfred Dreyfus est condamné à  l’unanimité à la dégradation militaire et à la déportation  perpétuelle. Et déjà la presse nationaliste s’est emparée de l’Affaire et déverse ses accusations antisémites.

Le 5 janvier 1895, la  dégradation a lieu dans la cour de l’Ecole militaire,

Le condamné vit cet  instant dans un état second : « Il me semblait que j’étais  le jouet d’une hallucination ». Et crie son innocence  « Soldats, on dégrade un innocent ; soldats, on déshonore  un innocent.

Vive la France, vive  l’armée ». Puis, comme dans un cauchemar, il est transféré,  poings liés au milieu d’une foule hostile et de slogans  antisémites,  à la prison de la Santé. où sa femme aura le droit  de visite deux fois par semaine, dans le cabinet du directeur de la  prison.

Ils continuent de s’écrire. Ainsi Alfred Dreyfus peut s’épancher, expliquer son  comportement, ses états d’âme, rappeler la mission qu’il lui  confie ; elle lui répond toujours en l’encourageant, sans  jamais trop se plaindre : « Nous réunissons toutes nos  intelligences, toutes nos volontés ; eh bien ! avec tous  ces éléments et la persévérance que nous y mettons, il est  impossible que nous n’arrivions pas à te réhabiliter. »

 « La  vie n’est possible que lorsqu’on peut  lever la tête partout et  regarder tout le monde en face, autrement il n’y a qu’à mourir »

Malgré les visites et les  lettres, Alfred Dreyfus perd espoir car il  sent se profiler  une  fêlure : « J’ai perdu hier pendant quelques instants le  sentiment de moi-même » écrit-il le 16 janvier et  le lendemain  il tente d’expliquer ce dédoublement : « Quel rôle les maudits nerfs jouent dans la vie humaine ! Pourquoi ne  peut-on pas dégager entièrement la personnalité matérielle de la  personnalité morale et faire ainsi que l’influence de l’une ne  s’exerce pas sur l’autre. Ma personnalité morale est toujours  aussi vaillante, aussi forte ; elle est résolue à aller  jusqu’au bout, elle est décidée à tout […]. Mais ma  personnalité matérielle subit de rudes secousses ! » Ce  même jour, 17 janvier, sans que Lucie le sache, Alfred Dreyfus  quitte brusquement la prison de la Santé pour être transféré dans  un wagon de condamnés, « menottes aux poings et fers aux  pieds » jusqu’à La Rochelle où il gagne le dépôt des  condamnés aux travaux forcés de Saint-Martin-de-Ré au milieu d’une  foule hurlant sa haine. Il est enfermé dans une cellule jour et nuit  sous la surveillance de deux gardiens. Vivre sous le regard plus  hostile que bienveillant de ceux qui doivent rendre compte de ses  moindres faits et gestes, ce sera désormais son lot.

« Durant mon séjour  à l’île de Ré, je fus chaque jour mis à nu et fouillé, après  la promenade que j’étais autorisé à faire dans le préau  attenant à ma cellule. » Il fait une nouvelle fois  l’apprentissage de l’isolement en milieu hostile et du silence.  Il ne converse donc qu’avec sa femme, lors des visites  bihebdomadaires, en présence du directeur du dépôt Georges Piqué,  qui aussitôt fait un rapport ; mais les époux restent proches  l’un de l’autre car ils s’écrivent presque tous les jours.

« Je fais des  efforts inouïs pour résister à cet anéantissement complet du  moi ». La  déportation aux Iles du Salut

C’est donc un homme  fragilisé qui, le 21 février est embarqué sur le St Nazaire pour  être débarqué, le 12 mars,  au quartier pénitentiaire de l’Ile  Royale où il restera un mois avant d’être transféré, le 14  avril,  à l’Ile du Diable. Il restera, dans cette île dont on  avait chassé les lépreux plus de quatre ans, quinze- cent- dix-  sept jours exactement.  Seul déporté, entouré, épié de gardiens  et de surveillants hostiles, dans le silence le plus total. Seul avec  lui -même, ses livres, ses cahiers, ses souvenirs, son innocence.  Seul sans jamais savoir que pour lui se mobilisent des amis, des  personnalités du monde littéraire, politique, artistique. Comment  dans ces conditions conserver toute sa raison ? et ne pas  préférer « la mort, cet  oubli de tout, ce refuge des désespérés » ?

Pendant  le mois qu’il passe dans une cellule de l’Ile Royale, une des  trois iles du Salut au large de la Guyane, il écrit à ses proches,  aux membres du gouvernement. Pour chaque lettre, il rédige de  nombreux brouillons qu’il édulcore, transforme, rature, sur des feuillets de cahiers qu’il doit remettre à ses gardiens.  Au milieu de ces brouillons, il s’obstine à tracer des figures  géométriques, à noter des équations pour retrouver  les éléments  du calcul intégral - comme il l’expliquera dans ses souvenirs.  Mais aussi il se  livre à quelques réflexions intimes et dessine.  Un cahier de cette époque, conservé indûment dans les archives de  l‘administration pénitentiaire ne lui a pas été restitué ;  il est un précieux témoignage. On y retrouve les brouillons des  lettres des 13, 20 et 28 mars, et du début avril à Lucie et  Mathieu, aux parents également

Les  lettres à Lucie et Mathieu reviennent de façon  obsessionnelle sur  l’honneur perdu, sur la mort frôlée, sur la mission confiée à  la femme et au frère chéris. Dans la version « officielle »  envoyée à l’une et l’autre il a supprimé les  passages  relatifs aux souffrances physiques. Pour ne pas les peiner ou les  effrayer, il n’a pas repris : «  [l’]  épuisement général,  […] l’ébranlement complet de [son]  système nerveux ; de violentes palpitations du cœur, à croire  que je vais étouffer, …le cerveau qui se congestionne, … comme  de véritables barres de fer rouge le long de l’épine dorsale. »  Il ne dira ces douleurs que bien plus tard à Joseph Reinach

Les  brouillons ont été déchiffrés par un gardien et  transcrits sur un cahier, pour essayer de percer des secrets et de  déjouer des complots. Le gardien  s’étonne d’une allusion à  Silvio Pellico, l’auteur de « Mes prisons » car ce nom  revient douze fois. Ces passages également seront supprimés.

En  revanche les allusions au contrat qui  lie  Alfred à Lucie et à  Mathieu sont récurrentes : il faut rechercher le coupable,  obtenir réparation et rendre au nom de Dreyfus l’honneur perdu.

C’est  pourquoi il ne cesse de leur  répéter : « La  situation est donc tragique et nécessite une grande énergie et une  grande âme. Je sais que tu possèdes l’une et l’autre Il faut  donc pour dénouer cette situation ne pas attendre le hasard car il  n’y a pas de temps à perdre mais opérer, travailler avec une  persévérance et une ténacité farouches, déployer une activité  infatigable, frapper à toutes les portes ; il faut employer  tous les moyens même les plus héroïques pour faire jaillir la  lumière et me faire rendre mon honneur Tous les procédés  d’investigation sont à tenter car le but est notre vie à tous,  plus que notre vie, notre honneur Ou l’un échouera l’autre  réussira, Où un procédé échouera, l’autre réussira. »

Il  lui arrive aussi de faire des reproches : « Vos  recherches à mon avis n’aboutissent pas vite parce que vous  attendez que l’oiseau vienne se faire prendre lui-même au lieu de  l’aller chercher et d’obtenir son nom ; Ce n’est pas ainsi  que j’eusse agi, je vous l’ai déjà dit cent mille fois. à toi  de faire pour qu’on me rende mon honneur les efforts surhumains que  j’ai faits pour accepter de vivre. Je ne puis assez te répéter ce  que je t ‘ai dit cent mille fois. Il ne faut pas attendre que  l’oiseau vienne se faire dans vos filets, il faut obtenir par tous  les moyens possibles de savoir quel est cet oiseau est ce misérable  tu sais qu’il s’agit là d’une question de vie ou de mort non  seulement pour moi mais pour la vie future des enfants. »

Comme il attache peu   d’importance aux contingences matérielles, les commentaires sur sa  vie quotidienne sont laconiques : « Comment  je vis, je n’en sais rien moi-même au juste. Je fonctionne comme  une machine toute m’est indifférente. Je vis dans un songe comme  un halluciné, avec deux points fixes devant mes yeux qui sont mon  avenir de réhabilitation où la mort et je voudrais bien être fixé  sur l’un ou l’autre car mes souffrances En te promettant de vivre  lutter pour vivre je me suis imposé un supplice dont tu peux te  faire une idée, mais sans lequel je succomberai si tout cela n’a  pas une fin prochaine. »

Il lui arrive aussi de  s’impatienter : « Tes souffrances, si grandes  soient elles, permettez- – moi de vous le dire, ne sont pas  comparables aux miennes. Vous avez en effet la possibilité de la  lutte, vous pouvez dépenser tous vos moyens, toute votre activité à  éclaircir ce douloureux mystère. Moi, au contraire, dont l’énergie  et dont le caractère ne est pas passif, au contraire je me consume  ici, je me ronge les poings, je me mange les sangs, comme on dit  vulgairement dans l’attente, dans l’exaspération. »

 
1517 jours à l’Ile  du Diable.  Résister et survivre

« Je ne connais  d’ailleurs pas de supplice plus énervant, plus atroce que celui  que j’ai subi pendant cinq années, d’avoir deux yeux braqués  sur moi, jour et nuit, à tous les moments, dans toutes les  conditions, cent un minute de répit »

Sous le titre Cinq  ans de ma vie  Alfred Dreyfus a raconté  ce long calvaire, de façon pudique, comme il l’a expliqué à  Joseph Reinach : « C’est  volontairement que j’ai écarté de mon récit toutes les anecdotes  qui n’intéressaient que ma personne. Robinson Crusoe, dont  l’énergie morale n’avait qu’un but : vivre sur son île,  a eu raison de raconter comment il s’y était pris. Quant à moi,  j’avais un autre devoir et tout ce qui ne se rattache pas  immédiatement à ce devoir ne pouvait trouver place dans mon récit  »

Le 14 avril 1895, il  commence « […] le journal de [sa] triste et épouvantable  vie »  il y met un terme le 10 septembre 1896 après sa mise aux fers-  il est attaché la nuit à deux boucles de fer qui enserrent ses  chevilles-

et la construction d’une  palissade qui l’isole, en septembre 1896. On sait que les autorités  craignent toujours une évasion et que le bruit a couru, venu de  France que le prisonnier avait réussi à s’échapper.

A l’époque le véritable  auteur du bordereau a été démasqué, il s’agit de Ferdinand  Walsin Esterhazy qui, lui, sera acquitté provoquant la réaction le  fameux « J’accuse » d’Emile Zola. Le déporté, lui,   continue de tenter de survivre.

Les nombreux documents  officiels – correspondances du commandant supérieur de l’île  Royale avec le directeur de l’Administration pénitentiaire,  rapports mensuels établis par le surveillant chef, enregistrements  journaliers par les gardiens des faits relatifs au déporté –  racontent  son  quotidien. Ils forment en quelque sorte un complément  au journal.

Alfred Dreyfus, traqué  par les autorités et traité comme un criminel, est au centre d’une  surveillance à plusieurs étages : ministres (des Colonies et  de la Guerre), gouverneur de la Guyane française, directeur de  l’Administration pénitentiaire, commandant supérieur des îles du  Salut, gardiens, auxquels s’ajoutent des inspecteurs des colonies.  Les rapports par le menu envoyés des uns aux  autres permettent de suivre le prisonnier dans ses moindres faits et  gestes. Il le faut. À Paris, on l’exige.

Grâce au journal et aux  rapports, on voit, avant sa mise aux fers, Alfred Dreyfus écrire  régulièrement des lettres à sa femme Lucie, à son frère Mathieu,  à ses parents, mais aussi au président de la République, au  président de la Chambre des députés, au gouverneur de la Guyane,  alors qu’il ignore tout de ce qui se passe en France et des  démarches faites en sa faveur. Toutes sont lues avant d’être  expédiées. On sait qu’il reçoit des lettres (également lues),  des livres, des revues mais pas de journaux qui le mettraient au  courant de la situation et des vivres de France et de Cayenne. On  apprend qu’il fume trop, lit énormément, travaille beaucoup  l’anglais et se détend en allant regarder la mer. On lui a refusé  des outils pour de petits travaux manuels et les commandes de vivres  qui lui arrivent font des envieux Il dira plus tard à Joseph  Reinach ce qu’il cache à sa famille : les accès fréquents  de fièvre, un état presque constant d’éréthisme cérébral et  nerveux, des syncopes, des crises de larmes.

Après septembre 1896, il  est encore mieux surveillé, enfermé derrière une palissade, loin  de la mer qu’il ne voit plus ; mais au plus profond du  désespoir,  il décide de lutter : « Quels que soient les  supplices qu’on t’inflige, il faut que tu marches, jusqu’à ce  qu’on te jette dans la tombe, il faut que tu restes debout devant  tes bourreaux, tant que tu auras ombre de forces, épave vivante à  maintenir sous leurs yeux, par l’intangible souveraineté de  l’âme Les rapports des gardiens tournent à la paranoïa ;  ils pensent avoir face à eux un « manouvrier consommé ». 

Dans ce climat de haine,  de suspicion, d’enfermement où il n’adresse la parole à  personne, il ne lui reste plus pour survivre et comme dérivatifs à  ses pensées et à ses souffrances que sa plume et ses livres.  Bientôt, les envois de Lucie seront supprimés et les commandes  trimestrielles de vingt livres qu’il pouvait faire à Cayenne  pareillement. Il n’aura donc à sa  disposition que les livres et revues déjà  reçus. À cette époque, les lettres de Lucie, quand elles lui  parviennent, ne sont que des copies sans  aucune nouvelle, et un   nouveau commandant supérieur des îles, Oscar Deniel, a été nommé.  Le « sinistre Deniel » est aux ordres d’un ministre  intraitable, André Lebon, et se fait un devoir de s’acharner plus  encore contre son prisonnier.

Les lettres de Lucie, les  rapports officiels donnent un état détaillé des livres et revues  envoyés pour les années 1895, 1896 et une partie de 1897 : des  revues littéraires (Revue des  Deux Mondes, Revue  de Paris, Revue  bleue), et scientifiques (Revue  rose, Revue  scientifique et La Nature,  abondamment illustrée) ; des romans des livres d’histoire  (histoire générale, histoire événementielle, histoire de l’art  et mémoires).Bien sûr  il n’a jamais eu droit de lire des journaux.

« Mes livres, au  bout de peu de temps furent en assez piteux état ; les bêtes y  établissaient domicile », écrit-il dans Cinq  ans de ma vie, où il consacre un petit  paragraphe à ses livres familiers : Malgré leur état, livres  et revues donnent désormais matière à des exercices rigoureux  – des résumés, des notes, des choix de textes – qui  aident son esprit à ne pas sombrer. Il ne lit pas la Bible qu’il  n’a pas réclamée et celles que lui envoient des admirateurs ne  lui parviendront jamais. Mais il se nourrit des Essais  de Montaigne dans l’édition en français du XVIe siècle  qu’il retranscrit en langue moderne et plus encore a besoin de se  plonger dans Shakespeare, en anglais et dans la traduction d’Émile  Montegut : « Je le lus et le relus ; Hamlet et le Roi  Lear m’apparurent avec leur puissance dramatique »

Là est sa véritable  source de réconfort, comme il le rappelle, et dans les cahiers de  travail qu’il a conservés, ces deux auteurs occupent une place  privilégiée.

Toujours grâce aux  rapports mensuels, on sait que, du 16 novembre 1897 au 23 mai  1899, trente cahiers ont été « remis par le déporté »,  suivant un rite établi. Chaque cahier porte sur le premier feuillet  la mention du nombre de feuillets, de la date à laquelle il a été  commencé, et de celle à laquelle il a été remis. Dans le rapport  mensuel est également analysé le contenu. Les premiers cahiers ne  contiennent que « fragments de brouillons de lettres et dessins  géométriques ou cabalistiques ». Puis, à partir d’août 1898,  à côté des « fragments de lettres, des problèmes  algébriques, des dessins cabalistiques ou cabalistiques  ordinaires », sont pour la première fois mentionnées des  « copies d’ouvrages ». Ces cahiers lui seront restitués  à sa demande en 1901, mais il détruira ceux qui ne contiennent pas  de notes de lecture.

Il offrira à Joseph  Reinach les quatorze cahiers conservés. Le premier est commencé le  3 août et remis le 22 août 1898 ; le dernier, écrit  du 11 au 29 avril 1899.Ils sont tous composés suivant le  même modèle : principalement des feuillets couverts de  dessins, d’autres où se mêlent aux dessins figures, calculs  géométriques et textes ; plus rares sont les feuillets qui ne  comportent que du texte. Imbriqués dans ces 22 089 dessins,  on trouve des mélanges d’anglais, de littérature, d’histoire,  de morale, de sciences. S’y ajoutent des réflexions d’ordre  général, où reviennent les mots Honneur,  Justice et Vérité.  Souvent, il cite

Vigny : « Fais  héroïquement ta longue et lourde tâche » et, en latin, la  plainte de Job : Post tenebras spero  lucem (« Après les ténèbres,  j’espère la lumière »).

Il sélectionne un certain  nombre de textes déjà lus, choisis dans les articles de revues ou  les ouvrages généraux d’histoire et d’histoire littéraire, les  recopie et construit une œuvre personnelle à partir  d’enchevêtrements de dessins et de mots Dans ces collages  intellectuels, sans références ni guillemets, parfois se glisse une  réflexion intime : « Je vais échapper  au flux de mes pensées par mon moyen habituel, le travail, le  meilleur dérivatif à tout  »  (30 octobre 1898).

Les livres sont assimilés  à des personnes : « Quand les heures sont trop longues,  il existe un certain nombre d’amis immobiles qui dorment sur les  rayons des planches et qu’on peut inviter à venir jaser un peu  avec soi. J’en ouvre ainsi, au hasard, successivement, suivant le  fil de leurs idées sur lesquelles viennent se heurter les  miennes »  (11 décembre 1898).

Et lui se prend parfois  pour l’auteur de ce qu’il copie. Cette attitude troublante  revient à plusieurs reprises sous sa plume et le conduit à  transformer le texte : le je  remplace le il.

Dans sa solitude, il est  désormais double. Sans doute est-ce une façon de dialoguer et avec  les auteurs et avec lui-même. Peut-être même lit-il à mi-voix  pour entendre le son de ses cordes vocales qui servent si peu.

Dans ces cahiers de  travail, les dessins ont ce coté obsessionnel des brouillons de  lettres « se répétant indéfiniment et qu’il recopie  vingt-quatre fois  ».  Pas un dessin n’est exactement identique à l’autre : nommés  par les gardiens « cabalistiques », « cabalistiques  ordinaires » ou encore « motifs architecturaux toujours  les mêmes », ils intriguent encore aujourd’hui .On peut  voir dans ces répétitions de X, surchargés et comme rebrodés, le  X de  Polytechnique ,  le X  de deux épées brisées ? les circonvolutions du cerveau, des  dentelles, des motifs de tissus d’ameublement  ( allusion  aux  tissus de la manufacture Dreyfus?)

Dans les cahiers de  l’année 1899 les lignes, parfois, ne se croisent plus mais sont  parallèles. Dreyfus entrevoit-il la fin du calvaire ?

Dès  janvier 1898 il a compris à travers une lettre de Lucie qu’il peut  commencer         à espérer : « Son cerveau, sa plume se sont  livrés après la réception du courrier à une correspondance  échevelée, où les mots « réhabilitation » « révision, « lumière » se choquent, s’entrechoquent,  s’enlacent, se déroulent à l’infini, au point qu’on en perd  le fil et qu’on se demande si on n’assiste pas véritablement à  un dérangement cérébral ».

En  novembre il a su que la demande de révision du procès a été  acceptée ; on lui permet à nouveau de se promener et il  revoit la mer. En décembre lui parvient la nouvelle de  l’acquittement d’Esterhazy, celle du suicide du Colonel Henry.  Mais il faudra encore attendre six mois avant qu’il ne quitte  l’Île du Diable et il doit toujours remettre ses écrits  paraphés et signés.

 
Le procès  de Rennes

Le 3 juin  1899 un arrêt de la cour de cassation annule le jugement de 1894. Le  9 juin le capitaine Dreyfus quitte l’Ile du Diable pour Rennes il  est renvoyé devant le conseil de guerre de Rennes. Sur le bateau, il  est enfermé dans une cabine dont la fenêtre a été grillée, dont  la porte vitrée est gardée,  il ne parle toujours  à  personne.

A Rennes il est conduit à  la prison militaire. Mais il revoit sa femme, sa famille, ses  défenseurs. Maitre Demange et Maitre Labori.

Le procès a lieu du 7  août au 9 septembre. C’est un événement  que l’on suit même à  l’étranger, tant l’Affaire a passé les frontières. A la  stupéfaction générale Alfred Dreyfus est condamné à la majorité  de cinq voix contre deux à dix ans de détention. 

 «  Je n’ai  rien de particulièrement agréable à vous raconter.  Il est inutile  maintenant d’épiloguer sur l’issue du drame qui vient de se  dérouler sous nos yeux.  Mais  les vrais Français sont, je vous  l’assure, bien attristés du spectacle que la France a donné au  monde. Depuis l’arrêt, il n’y a rien eu de nouveau, pas  d’incidents, pas de nouvelles. Aussi ne puis-je vous rapporter que  des impressions. On dit,  et c’est très probable,  que, dans  quelques jours le malheureux Capitaine Dreyfus sera gracié ! C’est  la façon la plus rapide et la plus sûre de le remettre en liberté ?  […]  Mais ce n’est pas la réhabilitation.  Une fois libéré,  ses partisans et ceux qui défendent  la cause de la justice pourront  prendre tout le temps nécessaire pour arriver de nouveau à une  révision du procès, au point de vue moral, et faire rendre à ce  martyr ce qu’on n’a pu que lui enlever momentanément  … l’honneur ! »Ainsi Edouard de Rothschild explique t  il à ses cousins de Londres l’issue du procès.

En effet, le 19 septembre  Alfred Dreyfus  est gracié par le président de la république Emile  Loubet. Le jour même de sa libération, il fait paraître une  note : «  Le gouvernement de la République me rend  la liberté. Elle n’est rien pour moi sans l’honneur. Dès  aujourd’hui, je vais continuer à poursuivre la réparation de  l’effroyable erreur judiciaire dont je suis encore la victime. 

Je veux que la France  entière sache par un jugement définitif que je suis innocent. Mon  coeur se sera apaisé que lorsqu’il n’y aura pas un Français qui  m’impute le crime abominable qu’un autre a commis. »

 
La réhabilitation, la  fin de la carrière et les dernières années

12 juillet 1906 la cour de  cassation annule le jugement du Conseil de guerre de Rennes qui, le 9  septembre 1899 a condamné Dreyfus à dix ans de détention et à la  dégradation militaire et dit que c’est par erreur et à tort que  cette condamnation a été prononcée contre Alfred Dreyfus. Lui  -même commentera ainsi cette journée : « C’est une  belle journée de réparation pour la France et la République. Mon  affaire était terminée. Elle aura marqué un tournant de  l’humanité, une étape grandiose vers une ère de progrès immense  pour les idées de liberté, de justice et de solidarité sociale »

Le 22 juillet, le  commandant Alfred Dreyfus, réintégré dans l’armée est fait  chevalier de la Légion d’honneur à l’Ecole militaire  Mais  l’année suivante il demande sa mise à la retraite ; en effet   sa réintégration dans l’armée n’a pas été complète puisque   les années de bagne n’ont pas été décomptées.Pourtant le patriote qu’il  est resté reprend du service pendant la première guerre mondiale.  Il meurt le 12 juillet 1935.

Le 12 juillet 2006 à  l'École militaire, en présence de la famille d’Alfred Dreyfus le  président de la République entouré du Premier ministre et de  plusieurs membres du gouvernement célèbrent le centenaire de la  réhabilitation par un hommage solennel. Et Jacques Chirac conclut  ainsi son allocution : « La tragédie du capitaine  Dreyfus fut un moment de la conscience humaine. Elle continue à  résonner fortement dans nos cœurs, dans nos esprits. Après avoir  divisé le pays, elle a contribué à fortifier la République. Elle  fut le creuset où finirent de s'élaborer les valeurs humanistes de  respect et de tolérance. Des valeurs qui, aujourd'hui encore,  constituent notre ciment. La réhabilitation de Dreyfus, c'est la  victoire de la République. C'est la victoire de l'unité de la  France. »

Addenda

Il  est enterré le 14 juillet. Le même jour se tint un grand  rassemblement populaire.que Jean Guéhenno évoque dans un article de  la revue Europe (août 1935) :

«  C'était le matin du 14, à ces Assises pour la paix et la liberté  qui se tinrent à Buffalo. Le président de la Ligue des Droits de l  'Homme, Victor Basch, parlait [ ... ] Il rappelait les combats livrés  par la Ligue pour les Droits de l'Homme, pour la Justice, l'affaire  Dreyfus. Dans l'instant même, on enterrait (et cela ferait croire  que certains hommes ont vraiment leur destin qui règle comme il faut  les péripéties de leur vie et jusqu'à la minute de leur mort pour  que leur existence ait toute sa valeur) au cimetière Montmartre le  colonel, le « capitaine» Dreyfus. Alors, d'elle même et d'un seul  mouvement, toute la foule qui peuplait l'immense amphithéâtre se  leva, et, dans un silence qui saisissait le cœur , chacun pensa à  ce mort. Voilà ce que de lui-même peut le peuple, la« cohue ». Il  n'est pas un de nous qui, à la limite des larmes, n'ait senti qu'il  se faisait dans ce moment, d'une génération à l'autre, comme une transmission, une tradition de la justice. »

Chronologie  sommaire

 1859  Naissance d’Alfred Dreyfus à Mulhouse.
1878  Alfred Dreyfus est reçu à 21 ans à l’école Polytechnique.
1894  25 septembre. Arrivée du bordereau au bureau des statistiques (service de renseignements et de contre-espionnage)
1894  15 octobre – Arrestation du capitaine Dreyfus.
1895  5 janvier – Dégradation de Dreyfus dans la cour de l’école militaire.
1895  15 avril – Dreyfus est transféré au bagne de Cayenne à l’île du diable.
1895  1er juillet – le commandant Picquart est nommé chef de la  statistique.
1896  mars – Arrivée du « petit bleu » (télégramme) à la section des statistiques, dirigée par la commandant Picquart,  provenant de l’ambassade d’Allemagne et adressé au commandant  Esterhazy. Picquart  fait le rapprochement entre l’écriture d’Esterhazy et celle du  bordereau.
1896 novembre – Le commandant Henry remet à l’état major des  « faux » en provenance de l’ambassade d’Allemagne  prouvant la culpabilité de Dreyfus.
1897 13 juillet – L’avocat Leblois fait part au vice-président du  Sénat, Scheurer-Kestner, des découvertes de Picquart prouvant  l’innocence de Dreyfus.
1897 19 octobre – Création du journal L’Aurore dont la direction  politique est confiée à Georges Clemenceau.
1898  janvier – Procès d’Esterhazy et acquittement de ce dernier.
1898 13 janvier – Emile Zola publie dans l’Aurore une lettre ouverte au Président de la République sous le titre désormais  célèbre « J’ACCUSE ».
1898 7 février – Première audience du procès de Zola.
1898 23 février – Emile Zola est condamné à un an de prison et  3000 francs d’amende.
1898 2 avril – La cour de cassation  annule le verdict du procès de Zola pour vice de forme.
1898 Nouveau procès de Zola à Versailles.
1898 18 juillet – Nouvelle condamnation de Zola qui décide de  partir pour l’Angleterre.
1898 Jean Jaurès apporte des preuves dans la Petite République du « faux Henry ».
1898  30 août – Suicide du commandant Henry.
1898  septembre – Picquart est accusé d’avoir falsifié le « petit  bleu » et enfermé dans la prison militaire du Cherche-Midi.
1898  La cour de cassation déclare recevable la révision du procès  de Dreyfus.
1899  13 juin – Dreyfus est renvoyé devant le conseil de guerre de Rennes.
1899 7 août – Début du procès de Rennes.
1899 14 août – Tentative d’assassinat de l’avocat de Dreyfus Ferdinand Labori.
1899 Dreyfus est condamné à dix ans de détention.
1899  19 septembre – Emile Loubet accorde la grâce à Dreyfus le même jour de la mort de son plus fidèle défenseur :  Auguste Scheurer-Kestner.
1902  29 septembre – Mort d’Emile Zola dont Anatole France déclara  qu’il a été «  un moment de la conscience humaine »
1906 12 juillet – La cour de cassation casse l’arrêt du conseil  de Rennes et réhabilite le Capitaine Dreyfus.
1908 4 juin – Transfert des cendres d’Emile Zola au Panthéon.
1935  12 juillet – Mort d’Alfred Dreyfus à Paris.

 

L'auteure :

Mauricette Berne est conservateur honoraire des Bibliothèques et notamment spécialiste du fonds Giraudoux à la BnF.