Musée d’histoire de la justice, des crimes et des peines

L’un des élèves d’Henri Wallon (membre du Comité de lutte contre les bagnes d'enfants et l'exploitation de l'enfance abandonnée qui, en 1935, avait préfacé la brochure Les bagnes d’enfants), René Zazzo (1910-1995), étudiant en philosophie, embauché quelques mois comme surveillant à Montesson, publie dès 1934 un article dans le grand hebdomadaire Vu (n° 341, 26 septembre 1934, p. 1199-1201 et 1223) : « Cage pour enfants », illustré de photographies prises par l’auteur : des gosses au piquet, l’un d’eux de corvée de nettoyage des vases de nuit, un autre le visage tuméfié, un enfant derrière le grillage de l’une des cages de dortoir. René Zazzo fustige la rigueur disciplinaire quasi militaire, l’incompétence du corps enseignant, les coups de poing et les gifles sur les enfants de la part de certains maîtres et surveillants, les punitions collectives, le règne de la délation, les corvées ménagères, la censure des correspondances, les dortoirs pourvus de « cages à poules » où dormaient les jeunes : « Quatre immenses cages divisées chacune en dix compartiments. Dans chaque compartiment, une table de nuit, un lit au matelas de varech ».

L’auteur évoque la philosophie disciplinaire de ses collègues : « Le “patron” » vous a sans doute recommandé de ne pas frapper les enfants. Mais avant la campagne de presse qui, cet hiver, a suivi la mort d’un enfant, le directeur mettait lui-même la main à la pâte. Tapez, tapez, l’essentiel est de ne pas marquer les enfants ».  Les mémoires de Robert Biage, plus connu sous le nom de René Biard et auteur de Bagnards en culottes courtes, confirment cette description. Il était alors pupille dans cet établissement.