4. Hyde Park Barracks Museum (Sydney, Nouvelle-Galles du Sud)

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Hyde Park Barracks Museum (Sydney, Nouvelle-Galles du Sud)

Situé de nos jours au cœur du quartier d'affaires de Sydney, au milieu des gratte-ciels, le Hyde Park Barracks constituait le principal pénitencier d'Australie. En activité de 1819 à 1848, il abrite aujourd'hui un musée (Hyde Park Barracks Museum) et constitue un des onze sites gérés par le Australian Convict Sites World Heritage Property.

Les textes de cette exposition sont traduits de ceux du Hyde Park Barracks Museum et du Hyde Park Barracks Museum Guidebook (Historic Houses Trust, 2013).

Entre 1814 et 1820, près de 11 765 bagnards débarquèrent dans la colonie. En 1820, les forçats et les ex-forçats représentaient 94.4 % de la main-d'œuvre masculine et la ville de Sydney ne disposait d'aucun logement spécifique pour les héberger. Ils se logeaient par leurs propres moyens dans des hôtels ou chez des particuliers situés dans différents quartiers comme celui de « The Rocks ».

Après leur journée de travail pour le compte du gouvernement, les forçats étaient autorisés à travailler pour leur propre compte afin de pouvoir payer leur hébergement.

Dans les tavernes du quartier de The Rocks, les hommes et les femmes bagnards ainsi que les soldats se mêlaient après leurs heures de travail. Ces regroupements leur permettaient de se retrouver, de profiter des plaisirs offerts par la ville et, pour certains, de renouer avec des membres connus avant leur départ pour l'Australie. Mais la multiplication des cas de mauvais comportements sur la voie publique (ivresse, atteintes aux mœurs, injures, ...) et la fréquence des vols dans le quartier entraînèrent de nombreuses plaintes et des demandes pour mieux contrôler les forçats.

Couplée à l'augmentation du nombre d'arrivées de forçats dans la colonie, cette situation inquiéta le gouverneur Lachlan Macquarie qui ordonna au bagnard et architecte Francis Greenway de concevoir un bâtiment où les forçats pourraient être enfermés la nuit.

Des forçats artisans et ouvriers débutèrent la construction d'un bâtiment sous la supervision de Francis Greenway en 1817 et la caserne fut achevée deux ans plus tard. Elle pouvait accueillir 600 condamnés hommes (mais le taux d'occupation atteignait souvent jusqu'à 1 400 individus). Durant toute sa période d'activité, Hyde Park Barracks a accueilli près de 50 000 forçats.

Le bâtiment comprenait deux étages et un rez-de-chaussée. Les jeunes forçats étaient séparés des adultes et étaient installés dans un dortoir isolé jusqu'en 1820. À cette date, ils furent envoyés à la caserne des charretiers (carters barracks) édifiée dans la banlieue sud de la ville. D'autres forçats pouvaient également être envoyés à Hyde Park Barracks pour y être jugés, punis ou réaffectés.

La majorité des forçats étaient d'origine britannique ou irlandaise et étaient envoyés en Nouvelles-Galles du Sud pour 7 ou 14 ans, ou à perpétuité. Leur peine consistait en un exil hors de leur pays et loin de leur famille, et d'être astreints à des travaux forcés pour le compte du gouvernement.

La peine de la transportation cessa officiellement en Nouvelles-Galles du Sud en 1840. En 1848, les quelques forçats qui étaient encore internés dans la caserne furent envoyés dans l'établissement pénitentiaire de Cockatoo Island, et le bâtiment fut réaménagé pour devenir un dépôt d'immigration destiné à héberger des femmes immigrées «sans protection » (unprotected female).

À leur arrivée, les jeunes femmes célibataires étaient installées dans des dortoirs jusqu'à ce qu'elles obtiennent un emploi, le plus souvent comme domestiques. En 1848-1850, beaucoup de ces immigrées étaient de jeunes orphelines irlandaises victimes de la Grande Famine (Great Irish Famine).

Ce monument, intitulé An Gorta Mor (La Grande Famine) a été réalisé par Hossein et Angela Valamanesh et a été inauguré en 1999. Il symbolise la fuite de jeunes immigrées irlandaises en Australie, victimes de la Grande Famine qui sévissait en Irlande entre 1845 et 1848.

Entre 1849 et 1855, le dépôt accueillit également des épouses et des enfants de bagnards attendant d'être réunis.

En 1862, un asile gouvernemental pour infirmes et femmes indigentes fut installé au deuxième étage du dépôt. Mais face à l'augmentation croissante du nombre d'alités, il s'étendit peu de temps après au premier étage. Les patients en phase terminale soignés dans la toute proche Sydney Infirmary finissaient également leurs jours dans le dépôt qui était de ce fait en proie à la surpopulation. Associés aux autres « parias » du dépôt, le nombre d'occupants atteignait régulièrement plus de 300 individus dans les années 1880.

L'hébergement des immigrantes et l'asile cessèrent leur activité en 1886.

Le site accueillit ensuite différents ministères, le gouvernement s'étant approprié la plupart des bâtiments environnants à partir de 1848. Des bâtiments publics furent édifiés dans les cours situées tout autour de la caserne, jusqu'à ce que les tribunaux et les bureaux pussent enfin être installés dans les dortoirs laissés libres par le départ des femmes. Le bâtiment connut ensuite d'importantes modifications pour pouvoir accueillir les bureaux du département des procureurs généraux jusqu'en 1979.

La caserne était initialement destinée à l'hébergement des forçats employés par le gouvernement aux travaux publics de la colonie.

Elle hébergea des forçats employés au service du gouvernement et des forçats prêtés ou attendant d'être assignés auprès d'un particulier (private master). Bien que ces forçats étaient considérés comme des prisonniers, la caserne n'était pas une prison : elle était destinée à leur assurer un lieu sûr pour la nuit.

Mais même s'ils n'étaient pas incarcérés, la caserne constituait un élément de la stratégie mise en oeuvre localement pour restreindre la liberté des forçats et accroître leur productivité. Ils bénéficiaient, certes, d'un logement basique ainsi que d'une ration alimentaire. Mais ils perdaient beaucoup d'opportunités de travailler pour eux-mêmes tout en étant forcés de travailler pour le gouvernement.

Très rapidement après l'ouverture de la caserne, Francis Greenway observa que les routines du lieu et les rations alimentaires avaient favorisé une force de travail sans enthousiasme et totalement institutionnalisée.

Les forçats logeant dans la caserne étaient souvent désignés comme les « hommes du gouvernement » (government men). Ils étaient employés dans les chantiers navals, les magasins, les carrières, les mines, les stations hydrauliques et les casernes militaires gérés par le gouvernement. Ils étaient également employés dans les chantiers de construction de bâtiments, de routes ou de rues, de déboisement, d'assèchements, et dans la briqueterie ou la menuiserie de Sydney.

Les forçats assignés pour travailler auprès de colons libres ou de forçats émancipés (emancipists) étaient désignés comme « forçats-domestiques » (convict servants) ou domestiques assignés (assigned servants).

Les forçats qui observaient une bonne conduite recevait un traitement de faveur et pouvaient être employés comme contremaîtres (constables), messagers, flagellateurs et portiers. Ils pouvaient même recevoir l'autorisation de sortir librement de la caserne après leur travail.

Les forçats mariés vivant avec leur famille étaient autorisés à passer la nuit dans des logements privés sans surveillance. Ils devaient seulement se présenter à la caserne chaque matin. Ils étaient autorisés également à travailler pour leur compte les vendredis et les samedis, mais ils étaient obligés d'assister à l'office religieux tous les dimanches.

Beaucoup de forçats devenaient éligibles au ticket-of-leave (billet de congé) après quatre ou cinq ans passés dans la caserne. Cela leur donnait le droit de pouvoir quitter le site pour rechercher un employeur, mais uniquement dans un périmètre géographique indiqué sur leur ticket-of-leave.

Une cloche appelait les forçats de la caserne pour qu'ils se rassemblent chaque matin à l'aube (exceptés les dimanches et jours fériés). Ils devaient rejoindre leur surveillant et étaient ensuite fouillés à la sortie de la caserne avant de pouvoir se rendre à leur travail à pied.

Les forçats employés à l'intérieur de la caserne et les invalides ne sortaient pas. Ils balayaient la cour et nettoyaient les dortoirs, secouaient les matelas et pliaient les couvertures. Les heures de travail s'effectuaient du lever jusqu'au coucher du soleil. Pendant l'été, les forçats qui travaillaient à l'extérieur avaient droit à une heure de repos de 8 à 9 heures. Ils retournaient à la caserne au milieu de la journée pour y prendre leur déjeuner, constitué essentiellement de pain et de viande salée. Après une heure passée dans le réfectoire, la cloche sonnait à nouveau et ils devaient se rassembler puis retourner au travail.

Les surveillants s'assuraient que les forçats rentraient bien à la caserne avant le coucher du soleil. Les agents de jour (day constables) les fouillaient à l'entrée afin de vérifier qu'ils n'importaient pas des objets volés ou des objets illicites, comme de l'alcool.

Les forçats avaient droit à une récréation dans la cour avant que les agents de nuit (night constables) prennent leur service à 20 heures et que la cloche ne sonne une dernière fois pour indiquer l'heure du coucher. Les forçats regagnaient alors leurs dortoirs où, aidés de lampes à huile, beaucoup jouaient aux cartes ou tressaient des chapeaux.

À 20h30 avait lieu un nouveau rassemblement et tous les absents étaient listés. Les lampes étaient ensuite éteintes et les portes fermées pour la nuit.

Les portes extérieures de la caserne étaient fermées à 21 heures et surveillées dès la tombée de la nuit.

Les forçats pouvaient être punis de fouet en cas d'indiscipline telle que : ivresse, jeux d'argent, injures, désobéissance, négligence au travail, évasion ou abandon de travail, insubordination et inconduite.

À partir de 1830, une cour de sessions générales (Court of general sessions) fut installée à la caserne. Cette instance administrait les sanctions disciplinaires pour tous les forçats. Les peines dépendaient de la gravité de la faute commise : condamnation à des jours en cellule d'isolement, à la chaîne de fer (iron gang), à actionner le moulin de la caserne de Carters ou à l'administration d'un maximum de 150 coups de fouet.

La cour pouvait également augmenter de trois ans supplémentaires la peine de travaux forcés des coupables ou bien les transférer dans des colonies pénitentiaires éloignées, comme Norfolk Island ou Port Arthur.

Mais en réponse aux préoccupations de l'administration coloniale et métropolitaine au sujet des brutalités commises à l'encontre des forçats, le maximum de nombre de coups de fouet ordonnés par un magistrat fut limité à 50.

L'horloge tenait une place essentielle dans la gestion quotidienne des forçats. La première installée fut certainement l'œuvre du forçat James Oatley d'après les instructions du gouverneur Macquarie.

Cette première horloge fut remplacée par une nouvelle dans les années 1830. Son mécanisme est toujours actif de nos jours. Ce mécanisme est actionné par un pendule qui descend jusqu'au rez-de-chaussée.

Cette nouvelle horloge, dont la cloche date de 1837, provient de l'entreprise Vulliamy & Sons de Londres.

 

Pour remédier au manque de domestiques et au manque de femmes, beaucoup de femmes célibataires ou orphelines furent encouragées à émigrer depuis la Grande-Bretagne en Australie, initialement à la suite de la Grande Famine irlandaise, afin de pouvoir obtenir un emploi dans la colonie alors en pleine croissance. En 1848, la caserne fut réaménagée pour les accueillir et le bâtiment assura ce rôle jusqu'en 1886.

En 1862, le gouvernement établit un asile situé au deuxième étage du dépôt. Il ne s'agissait pas d'un asile pour aliénés, mais d'un refuge destiné aux infimes et aux femmes indigentes qui ne disposaient d'aucun proche sur place pour subvenir à leurs besoins. Du fait de l'accroissement des effectifs, l'asile occupa également le premier étage du dépôt. Il était totalement isolé du dépôt d'immigration et disposait de sa propre entrée (un escalier extérieur fut ajouté en 1864) et de sa propre cour de promenade. Les seules domestiques rémunérées étaient celles qui s'occupaient de la laverie. Les autres cousaient des vêtements et des draps et étaient aidées par l'institution. En 1886, les pensionnaires furent tous transférés dans le nouvel asile de Newington construit près d'Auburn.

Des bâtiments se situaient initialement tout autour du périmètre de la caserne. À chaque angle du mur d'enceinte se situait un pavillon en forme de dôme, soit quatre en tout. Ceux situés au sud servaient de réfectoires pour les bagnards. Ceux situés au nord étaient divisés en cellules d'isolement destinées aux forçats « débauchés et réfractaires » (un seul est encore visible de nos jours).

Ce bâtiment a hébergé de 1819 à 1848 le surintendant adjoint des forçats (Deputy superintendent of convicts). Entouré de vingt greffiers, de contremaîtres (constables), de magasiniers, de flagellateurs (scourgers), cet agent supervisait le fonctionnement de la caserne. Depuis la porte centrale, le bâtiment donnait directement sur la cour où étaient réunis les forçats au lever du soleil. Le surintendant adjoint était chargé de les inspecter chaque matin avant leur départ au travail. Le premier étage de ce bâtiment constituait son logement.

Le bâtiment fut ensuite utilisé de 1848 à 1856 comme imprimerie et bureau du timbre du gouvernement (Government Printing and Stamp Office).

De 1856 à 1859, le bâtiment accueillit la cour d'appel (Court of Requests). Puis, de 1859 à 1978, le bureau de convocation de la cour de district métropolitain (Summons Office of the Metropolitan District Court) occupa les lieux.

Les clercs et les greffiers géraient et classaient les nombreux documents générés quotidiennement par les bureaux et les tribunaux du complexe. Un long comptoir séparait le personnel du public qui pénétrait par l'entrée principale, depuis la cour.

Les bâtiments situés au sud de la caserne accueillaient initialement des cellules d'isolement et des dortoirs destinés aux forçats nouveaux arrivants. La cour située tout autour accueillit tour à tour les forçats, les femmes du dépôt d'immigration et les détenus de l'asile qui y utilisaient les latrines, y étendaient leur linge et s'y promenaient. Plus tard, cet emplacement fut occupé par des tribunaux.

De 1830 à 1848, les bâtiments furent occupés par la cour des sessions générales (Court of General Sessions). Puis, de 1848 à 1886, ils accueillirent la buanderie et les toilettes du dépôt d'immigration des femmes et de l'asile et, de 1858 à 1978, les tribunaux et les bureaux de la cour de district métropolitain.

Les deux cours de justice avaient à connaître des petites affaires civiles comme des amendes ou des loyers non payés, des cas de conduite en état d'ivresse ou des délits routiers.

Le tribunal de district métropolitain a été transféré à Macquarie Street en 1979.

En 1984, le bâtiment abrita également des cellules destinées au département des services de correction (Department of Corrective Services). Ces cellules accueillaient pour de brèves périodes des détenus dans le cadre d'audiences de libération conditionnelle. Les bureaux se situaient à l'étage supérieur. Le département a quitté les lieux en 2001.

Deux guérites se situaient à l'entrée de la caserne. De 1819 à 1848, des contremaîtres (constables) et des commis (clerks) les occupaient et étaient chargés d'interroger les forçats et les visiteurs qui souhaitaient pénétrer à l'intérieur de l'enceinte.

De 1887 à 1979, le bâtiment central de la caserne connut d'importants travaux pour convertir ses dortoirs en bureaux. Sur son aile est, deux grandes salles contenant des tribunaux furent rajoutées (aujourd'hui disparues).

Après avoir failli être détruit à de nombreuses reprises au cours du XXe siècle, Hyde Park Barracks est aujourd'hui un musée géré et rénové par le Historic Houses Trust. La première proposition d'y établir un musée remonte à 1935. En 1975, la décision fut prise de sauvegarder le bâtiment et, quatre ans plus tard, des travaux de conservation et de transformation en musée furent élaborés par une équipe d'historiens, d'architectes, d'archéologues et de conservateurs. Les travaux furent conduits de 1980 à 1984 par le ministère des Travaux Publics australien. La visite du musée de Hyde Park Barracks permet de s'immerger aux origines de l'histoire de la colonisation de l'Australie par ses premiers occupants européens. Le bâtiment abrite ainsi trois niveaux qui présentent l'histoire de la colonisation pénale australienne, ainsi que de nombreux objets et reconstitutions de lieux de vie des bagnards (comme leurs dortoirs). Les bâtiments situés à l'extérieur se visitent également pour certains, notamment le bureau du surintendant adjoint qui a bénéficié d'importantes fouilles archéologiques. Le musée met également à disposition du public une base de données contenant l'identité de près de 15 000 forçats ayant séjourné dans la caserne de 1819 à 1848. Si vous souhaitez de plus amples renseignements, vous pouvez visiter le site du Hyde Park Barracks Museum.