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La maison d'arrêt de la Santé : une prison dans Paris

La fin des grands travaux

Caroline Soppelsa

Un entretien a minima pendant l'entre-deux-guerres.

Source : « Les hôtes notoires de la prison de la Santé », in Excelsior, 20 février 1918.

Quarante-quatre ans après la guerre franco-prussienne de 1870, une nouvelle guerre vient bouleverser le quotidien des édifices pénitentiaires parisiens. Le rôle joué par la Santé est cette fois essentiellement lié à la sévère répression des mutineries de 1917. La prison militaire du Cherche-Midi étant devenue insuffisante, la militarisation d’une partie de l’établissement du 14e arrondissement est en effet décidée afin de permettre l’accueil des soldats passibles du Conseil de Guerre et des individus accusés de trahison, notamment l’ancien ministre Joseph Caillaux (1863-1944) traduit devant la Haute Cour de justice.

Un entretien a minima pendant l'entre-deux-guerres. La prison de la Santé, 1913.

Source : Agence Rol, Gallica.

Après ces années d’immédiat après-guerre, s’ouvre, dans les années 1920 et jusqu’à la veille de la Seconde Guerre mondiale, une période marquée par une grande rigueur budgétaire dans le contexte de reconstruction et de redressement du pays après le conflit, puis de la crise de 1929. La volonté de réduire les coûts est particulièrement sensible lors de la préparation du budget pour 1926. En 1926, le gouvernement Poincaré en profite pour fermer 226 établissements, en particulier les petites prisons d’arrondissements qui n’accueillent souvent que quelques prisonniers, mais également des prisons plus importantes dont la désaffectation pour cause de vétusté était souhaitée parfois depuis des décennies mais systématiquement repoussée. Ainsi déclasse-t-on à Paris Saint-Lazare (juillet 1932) puis la Conciergerie (avril 1934), ce qui vient encore renforcer la centralité de la Santé au sein du parc pénitentiaire de la Seine, puisqu’avec la disparition de cette dernière, elle prend le statut de maison d’arrêt et de justice et demeure la dernière et unique prison du Paris intra-muros à accueillir les hommes tandis que les femmes sont transférées à la Petite Roquette.

La création d'une des premières annexes psychiatriques (1931-1933). Différentes vues extérieures de la prison de la Santé, 1932.

Source : Agence Meurisse, Gallica.

S’inspirant du système belge, le député du Département de la Seine Aimery Louis Jules Blacque-Belair (1898-1989) dépose, fin 1930, à la Chambre des députés une proposition de résolution invitant le gouvernement à procéder à la création d’annexes psychiatriques dans les prisons et à l’organisation d’un dépistage psychiatrique systématique des entrants.

C’est la prison de la Santé, seul établissement du département recevant les hommes prévenus, qui est naturellement désignée dès le début de l’année 1931 pour accueillir l'une des premières annexes psychiatriques instituées par le pouvoir central. Les travaux sont achevés en 1933.