Conciergerie
« Le palais de justice de l'île de la Cité abrite encore au XXIe siècle, les plus anciens lieux de détention de Paris. Première résidence des rois de France, le palais de justice est intimement lié à l'histoire de l'enfermement. Aménagée initialement dans le donjon du Palais, la prison n'enfermait que les justiciables du ressort du bailliage du Palais. Elle devient, à partir du XVe siècle, une prison du Parlement, faisant office d'annexe du Grand-Châtelet lorsque ce dernier était surencombré. La charge de "concierge" (directeur de la prison) fut longtemps une fonction à la fois honorifique et rémunératrice. Le nom de Conciergerie désigne à la fois l’ensemble des salles gothiques et une partie du quartier de détention. La Conciergerie, à la fin du XVIIIe siècle, servait de prison à la fois aux détenus politiques et aux prisonniers de droit commun. Elle communiquait avec le Dépôt et la Souricière au moyen d’un corridor souterrain ouvrant au fond de la détention par une grille de fer. (…) L'ancienne salle des Gardes a servi, de 1825 à 1914, de vestibule d'entrée à la prison. Les travaux d’aménagement pour l’emprisonnement cellulaire furent terminés par l’architecte Louis-Joseph Duc (1802-1879) en novembre 1864. Il y avait 76 cellules sur deux étages. (…) Fin 1898, un nouveau quartier cellulaire fut inauguré, ce qui porta à 140 le nombre total de cellules. La Conciergerie perdit son statut de prison en avril 1934. »[1]
[1] Christian Carlier, Catherine Prade, Marc Renneville, Histoire des prisons de Paris, en ligne https://criminocorpus.org/fr/ref/25/136/
Pour rendre compte de la complexité des histoires, des savoirs, des pratiques et des imaginaires qui s’entrecroisent dans un tribunal ou une Cour d’Assises, nous avons privilégié une approche pluridisciplinaire, la mutualisation des apprentissages et des compétences, le travail sur des sources variées ou inédites, les témoignages des acteurs de la justice, l’enrichissement progressif.
Les contenus ont été organisés en quatre rubriques dans le souci d’écrire pour un lectorat ouvert et de concilier valeur scientifique et clarté.
- Palais de justice : la première visite virtuelle du Palais de justice de Paris librement accessible, des visites thématiques avec des historiens, des conservateurs, des archivistes, une collection de sources variées sur l’histoire et l’architecture du Palais de la Cité, des lectures ;
- Cour d’Assises : les témoignages vidéo des praticiens (président, assesseur, avocat général, juré, avocat, journaliste, dessinateur d’audience) sur les étapes du procès, le rôle et le regard de chacun.
- Grands procès : affaires criminelles ordinaires ou « justice d’exception », ce module rassemble des contributions d’historiens, des sources variées (estampes et dessins, plans, photographies, archives de presse, archives audiovisuelles) et propose des outils de recherche (compte-rendu d’audience).
- Droit pénal : un module pédagogique sur le droit et la procédure pénale pour mieux comprendre cette scène sur laquelle, depuis deux siècles, on rend justice « au nom du peuple français ».
« Au tribunal » est le résultat d’un projet collectif qui a mobilisé une quarantaine de contributeurs de différentes institutions judiciaires, universitaires et culturelles, et près de 150 étudiants de licence et master. Il sera enrichi progressivement.
Nous tenons à remercier tous les contributeurs qui ont mis au service de ce projet leurs compétences et leurs sensibilités. Nous saluons tout particulièrement les magistrats de la cour d’assises de Paris qui, malgré un contexte très contraignant ont participé avec bienveillance aux entretiens et éclairé de leurs récits une réalité judiciaire largement méconnue. Nous remercions tous les dessinateurs, et notamment Noëlle Herrenschmidt et Sylvie Guillot qui nous ont autorisé à mettre leur talent au service d’une écriture numérique qui voudrait donner accès à une histoire judiciaire complexe, souvent déformée par nos idées reçues, mais profondément humaine.