L’Essonne : terre de magistrats (2)
Les Voysin : magistrats au XVIIe siècle
Madeleine Guillard, veuve de Jean-Baptiste Voysin, acquiert la seigneurie de Mesnil-Cornuel, devenu Mesnil-Voisin, à Bouray en 1676.
Le père de Jean-Baptiste est premier commis au greffe criminel puis greffier en chef, Jean-Baptiste, maître des requêtes et conseiller au parlement de Paris.
C’est Daniel François, fils de Jean-Baptiste, maître des requêtes, devenu seigneur de Mesnil-Voisin, qui s’éleve aux plus hautes charges avec l’aide de son épouse, Charlotte Trudaine, fille d’un maître des Comptes ; cette dernière se lie d’amitié avec Madame de Maintenon qui appuie l’ascension de Daniel François. Il devient intendant du Hainaut et est ensuite nommé intendant, puis directeur de la maison des jeunes filles de Saint-Cyr. Après avoir occupé plusieurs charges ministérielles, il devient chancelier et garde des Sceaux en 1714. Jouissant de l’écoute du roi et d’une immense fortune, il ne laissera pas pour autant une très bonne image à la postérité. Il meurt en 1717 sans héritier masculin.
Sa fille épouse en 1674 Chrétien François Ier, fils de Guillaume de Lamoignon (1644-1709).
Les Joly de Fleury : procureurs généraux au parlement au XVIIIe siècle
Le berceau de cette famille se trouve en Bourgogne, mais à la fin du XVIe siècle, la famille se scinde en deux : les Joly de Blaisy et les Joly de Fleury.
François Joly, premier seigneur de Fleury en 1602, est chef du conseil du cardinal de Richelieu. Les Joly, après avoir été avocats généraux, occupent sans interruption la charge de procureur général au parlement de Paris de 1717 à 1790.
Guillaume François (1645-1756), procureur général au parlement de Paris, était reconnu par ses pairs pour être un remarquable orateur, un civiliste, criminaliste et canoniste de grande qualité. On lui doit notamment l’ordonnance sur l’état civil de 1736 : première loi française exclusivement consacrée aux registres paroissiaux, précisant de nombreux points sur leur établissement et formulant entre autres obligation nouvelle celle de les tenir en double exemplaire avec les signatures du curé, des parties et des témoins [principe encore appliqué aujourd’hui].
Ses descendants garderont le même office mais avec moins de brio et de diplomatie, tel Joseph Omer, son fils, farouche adversaire des philosophes.
Les Lamoignon de Bâville : une dynastie parlementaire du XVIIe au XIXe siècle
Chrétien de Lamoignon (1567-1636), président à mortier au parlement de Paris, édifie le château de Bâville.
Guillaume Ier, fils de Chrétien (1617-1677), est successivement conseiller, maître des requêtes et premier président au parlement de Paris. Il participe à la rédaction de l’ordonnance criminelle de 1670, ébauche un vaste plan de réforme de la législation et de la procédure (Les Arrêtés en 1702), mais son souci d’une justice plus humaine (abolissant la question, prévoyant un avocat) n'est pas entendu. Chrétien François de Lamoignon (1735-1789) a donné son nom à la « réforme de Lamoignon » en 1788, dernière tentative de la monarchie pour moderniser un système judiciaire obsolète consistant à simplifier drastiquement l’organisation judiciaire. Cette réforme se heurta à de nombreuses résistances, et le roi dut convoquer les États généraux.
Chrétien Guillaume de Lamoignon de Malesherbes, (1721-1794), ministre de l’Intérieur et de la Police, rédige des remontrances au roi dont la teneur préfigure les cahiers de doléances ; il fut cependant l’un des défenseurs de Louis XVI, et fut guillotiné en 1794. En 1827, la mort de Christian René Auguste, pair de France, met fin à cette famille.