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Visite de l'ancienne prison du Havre

Marc Renneville

ACCES A LA VISITE

 

Un lieu d’enfermement du XIXe siècle

 

Située en centre-ville, 25 rue Lesueur, non loin de la gare de chemin de fer, la maison d’arrêt du Havre a définitivement fermé ses portes en 2010. Cette prison avait été construite au XIXe siècle sur le modèle d’un établissement à régime d’enfermement collectif par quartiers distincts.

Lors de son ouverture en décembre 1860, les détenus hommes sont sous la surveillance de gardiens tandis que l’encadrement des femmes est confié aux sœurs de l’ordre de Marie-Joseph. En 1910, l’aile droite est transformée en quartier cellulaire. Une structure de cour « en camembert » est construite dans un espace attenant. Typique d’une volonté de séparer au maximum les détenus, elle contient 15 parts-préaux permettant d’individualiser les promenades. La prison passe en 1942 sous le contrôle des autorités allemandes. Le bombardement massif du Havre en 1944 provoque la destruction partielle de l’aile gauche. À la Libération, elle n’est pas réparée. En 1974, le quartier femme est supprimé. Il est remplacé par un quartier de semi-liberté. L’espace libéré par l’aile détruite est aménagé en terrain de sport dans les années 1990. En 2005, la construction d’un nouveau centre pénitentiaire est préférée à une difficile et coûteuse rénovation de la vieille prison considérée par le maire de la ville comme « une verrue dans le quartier » (Le Havre infos, 2011, n°15, p. 19).

Lors de sa fermeture en 2010, la maison d’arrêt du Havre était affectée aux prévenus et aux condamnés à moins d’un an de détention. Sa capacité était de 390 détenus. Le terrain fut acheté par la mairie en 2011 pour une somme de 2,8 millions d’euros. Début 2012, la prison fut détruite, laissant place à un parterre de verdure, dans l’attente d’un nouvel aménagement urbain.

De la cave au grenier : Une visite objet de restitution plurielle

L’idée de réaliser la visite virtuelle d’une prison est née d’un rapprochement de vues entre un ethnologue cinéaste (Jean Arlaud) et un historien (Marc Renneville). Notre intention était de croiser nos méthodes pour donner à voir un établissement pour peines de l’intérieur, à travers le regard et la parole de ceux qui en sont les acteurs. Nous souhaitions initier un travail collaboratif et une forme de restitution originale, plurielle, donnant simultanément accès à des ressources historiques et des témoignages filmés explicitant des pratiques professionnelles dans un lieu habituellement soustrait au regard du public. Cette intention a été inscrite à titre expérimental dans le cadre d’un programme de recherche collectif (sciencepeine, 2009-2014). Le choix du Havre a été déterminé par le moment programmé de la fermeture (au démarrage de nos travaux de recherche) et par la connaissance que Jean-Claude Vimont, historien à l’Université de Rouen, avait du patrimoine carcéral de la région normande. Notre méthode a consisté à partager – autant que possible – la démarche de recueil de données avec les personnels de l’établissement.

Le cœur de la visite est constitué de courtes séquences filmées dans lesquelles les personnels expliquent un lieu ou leur travail. Il n’a pas été possible de filmer les détenus pour des raisons juridiques. Ces séquences vidéos sont localisées sur une vue aérienne de l’établissement dans laquelle on a distingué les niveaux (de la cave au grenier). Ces séquences sont accompagnées de photos prises en mars-avril 2010. La visite donne également accès à des vues aériennes et des plans de l’établissement provenant du Centre de ressources sur l'histoire des crimes et des peines de l’ENAP (École nationale d’administration pénitentiaire).

La visite virtuelle de la prison du Havre a été initialement conçue comme un document unique. C’est au cours de son montage, en 2013, que la possibilité d’en réaliser d’autres a été envisagée.

Ce prototype a été suivi de recueil de données consacrées aux prisons de la Santé (fermée en 2014 pour d’importants travaux) et à celle de Chartres, dont les derniers détenus ont été transférés vers Saran en septembre 2014.

La visite virtuelle de la prison du Havre est dédiée par l’équipe de Sciencepeine à la mémoire de Jean Arlaud, qui nous a quittés en 2013.

 

Crédits
Image et son : Jean Arlaud et Annie Mercier
Montage : Christine Louveau
Réalisation multimédia : Caroline Carpentier et Christine Louveau
Photographies : Christine Louveau, Marc Renneville et Jean-Claude Vimont
Vues aériennnes (Repérage, découpe et mise à l'échelle) : Gérald Foliot
Avec les témoignages de : Michael Conin, Jérôme Delalande (directeur)...

 

Cette visite virtuelle a été réalisée dans le cadre du programme de recherche « Sciencepeine » financé par l’ANR

Pour en savoir plus sur l’histoire de la prison du Havre :

Jean-Claude Vimont, « La maison d'arrêt du Havre (1860-2010) : des dortoirs et des cellules », Carnet de recherche Criminocorpus, 2014.
http://criminocorpus.hypotheses.org/4427