À l’exclusion de l’art sacré, l’image des supplices dans l’art médiéval fut principalement l’affaire des miniaturistes des chroniques, des coutumes et des institutes. Or du XVIe au XVIIIe siècle l’iconographie française du crime et de la peine, si elle fut beaucoup moins abondante qu’on a pu le dire (les images de comètes et autres « événements prodigieux », par exemple, furent beaucoup plus nombreuses que celles de pendus et de roués), connut plusieurs modèles de représentations.
L’iconographie présentée dans cette exposition fait, d’abord, une large place à l’estampe. Avec le développement des métiers de l’imprimé, l’estampe volante devint progressivement, à l’époque moderne, le support de l’image le plus répandu dans la société, beaucoup plus que la peinture, réservée à l’élite ou à la décoration des édifices religieux ou publics. Exposées dans les rues, à la porte des églises, sur les places et les carrefours et vendues (et criées) par les colporteurs, les estampes étaient largement diffusées dans l’espace public urbain : accompagnées de légendes quelques fois très développées, elles supposaient la maîtrise de la lecture, même si le message visuel lui-même était souvent immédiatement accessible. D’autre part on trouve aussi, dans les musées et les dépôts d’archives, d’autres véhicules de l’imaginaire pénal. Les tapisseries de la Renaissance et, surtout, les petits dessins amateurs de spectateurs privilégiés, complètent ainsi l’iconographie de cette exposition.
Edition en ligne : Jean-Lucien Sanchez.
Iconographie : BnF