Augustin Dumont
Depuis huit siècles, le palais de justice de l’île de la Cité à Paris constitue le lieu central, symbolique et effectif de l’extension du pouvoir judiciaire en France. La singularité de son agencement ne peut toutefois s’apprécier à la seule contemplation de sa façade extérieure. Ce n’est qu’en pénétrant dans le palais que l’on comprend pourquoi ce lieu peut apparaître comme un labyrinthe. Nous proposons ici d’y entrer et d’y déambuler, accompagné(e) des meilleurs guides, ces personnes qui en connaissent l’histoire mais aussi celles qui, au quotidien, exercent les fonctions judiciaires du lieu.
Nous proposons ici deux modes de navigation complémentaires : le plan cliquable donne accès aux vidéos, aux documents, aux entretiens et aux photos des différents espaces. Les dalles ci-dessous donnent accès aux espaces les plus visités et des compléments par thèmes.
Pour rendre compte de la complexité des histoires, des savoirs, des pratiques et des imaginaires qui s’entrecroisent dans un tribunal ou une Cour d’Assises, nous avons privilégié une approche pluridisciplinaire, la mutualisation des apprentissages et des compétences, le travail sur des sources variées ou inédites, les témoignages des acteurs de la justice, l’enrichissement progressif.
Les contenus ont été organisés en quatre rubriques dans le souci d’écrire pour un lectorat ouvert et de concilier valeur scientifique et clarté.
- Palais de justice : la première visite virtuelle du Palais de justice de Paris librement accessible, des visites thématiques avec des historiens, des conservateurs, des archivistes, une collection de sources variées sur l’histoire et l’architecture du Palais de la Cité, des lectures ;
- Cour d’Assises : les témoignages vidéo des praticiens (président, assesseur, avocat général, juré, avocat, journaliste, dessinateur d’audience) sur les étapes du procès, le rôle et le regard de chacun.
- Grands procès : affaires criminelles ordinaires ou « justice d’exception », ce module rassemble des contributions d’historiens, des sources variées (estampes et dessins, plans, photographies, archives de presse, archives audiovisuelles) et propose des outils de recherche (compte-rendu d’audience).
- Droit pénal : un module pédagogique sur le droit et la procédure pénale pour mieux comprendre cette scène sur laquelle, depuis deux siècles, on rend justice « au nom du peuple français ».
« Au tribunal » est le résultat d’un projet collectif qui a mobilisé une quarantaine de contributeurs de différentes institutions judiciaires, universitaires et culturelles, et près de 150 étudiants de licence et master. Il sera enrichi progressivement.
Nous tenons à remercier tous les contributeurs qui ont mis au service de ce projet leurs compétences et leurs sensibilités. Nous saluons tout particulièrement les magistrats de la cour d’assises de Paris qui, malgré un contexte très contraignant ont participé avec bienveillance aux entretiens et éclairé de leurs récits une réalité judiciaire largement méconnue. Nous remercions tous les dessinateurs, et notamment Noëlle Herrenschmidt et Sylvie Guillot qui nous ont autorisé à mettre leur talent au service d’une écriture numérique qui voudrait donner accès à une histoire judiciaire complexe, souvent déformée par nos idées reçues, mais profondément humaine.
Dumont, Augustin, Alexandre, 1801 - 1884 (à Paris)
Sculpteur français
1818 : Entrée à l’École des Beaux-Arts. Elève de Pierre Cartellier.
1821 : Obtient le deuxième prix de sculpture pour Alexandre dans la ville des Oxhydriques.
1823 : Obtient le prix de Rome de sculpture pour le bas-relief en plâtre « Douleur d’Evandre sur le corps de son fils Pallas ».
1823-1830 : Séjour à Rome.
1835 : Commande du Génie de la Liberté, au sommet de la colonne de Juillet.
1855 : Obtient une médaille d’honneur à l’Exposition universelle de 1855.
1863 : Commande de Napoléon Ier en César au sommet de la colonne Vendôme.
1868 : Réalisation de La Prudence et La Vérité, statues pour la façade de Harlay du Palais de Justice de Paris.
1864-1884 : Enseigne à l’École des Beaux-Arts de Paris.
La façade Ouest du Palais de Justice de Paris, qui donne sur la place Dauphine, longe la rue de Harlay. Cette rue change de visage en 1854 avec la construction de la façade du Palais par l’architecte Joseph-Louis Duc. Celui-ci fait appel à plusieurs sculpteurs, dont Auguste Dumont, pour la décorer. Les deux hommes avaient déjà travaillé ensemble à l’occasion de l’édification de la Colonne de Juillet, place de la Bastille à Paris : Auguste Dumont est l’auteur du Génie de la Liberté qui trône à son sommet. Ce dernier se chargera pour le Palais de Justice de l’exécution de deux figures allégoriques, la Prudence et la Vérité.
La Vérité est la deuxième sculpture allégorique en partant de la gauche. La représentation allégorique de la Vérité commence à être associée à partir de la deuxième moitié du XVIIe siècle à la Justice ; elle apparait donc à partir de cette époque dans les décors des Palais de Justice de France.
Cette statue prend ici une posture similaire à celle de l’Apollon du Belvédère : la jambe gauche en avant et légèrement repliée, ce qui participe au dynamisme de la composition. Elle écarte d’une main le voile qui la recouvre. Parmi les nombreuses figures dénudées qui apparaissent à la Renaissance, la Vérité est en effet une des seules pour laquelle la nudité est toujours associée à l’idée de pureté et de transparence. La couronne qui maintient le voile sur son front est déjà présente dans plusieurs représentations statuaires de Junon en majesté, et sera plusieurs fois associée au flambeau, comme par exemple sur la statue de la Liberté d’Auguste Bartholdi (1886). La torche qu’elle porte à la main offre une palette d’interprétation, dans la mesure où la flamme renvoie autant à la lumière qui perce l’opacité des ténèbres et du mensonge qu’à la puissance destructrice du feu, manifestation visible du châtiment divin.
La Prudence est la première figure allégorique en partant de la gauche sculptée par Auguste Dumont à orner la façade du Harlay du Palais de Justice de Paris, qui donne sur la place Dauphine.
La Prudence est avec la Justice une des quatre vertus cardinales ; à ce titre, elle lui est souvent associée et ses attributs apparaissent à partir de la Renaissance dans les palais de justice occidentaux. Ceux-ci sont généralement doubles : le serpent et le miroir, qui sont par exemple repris par Bartholomeus Spranger dans son Allégorie de la Justice et de la Prudence (1599-1600, Paris, musée du Louvre).
Auguste Dumont choisit de ne reprendre ici que le miroir, qui renvoie à la prévision de l'avenir et à la connaissance de soi. La posture de la statue est très hiératique et son bras, replié sur sa poitrine, multiplie les plis du drapé qui la recouvre. La composition de l’œuvre est amenée à faire contraste avec le corps dénudé et la posture dynamique de la Vérité à ses côtés.