On ne peut être certain de la connaissance qu’avaient les bagnards de l’Affaire Dreyfus dans ses détails mais il faut garder à l’esprit que les bagnes de Guyane représentent, avec leurs prisonniers et le personnel libre, une projection (certes déformée) de la société française, avec ses clivages et ses courants. Le racisme y était très présent (notamment envers les condamnés coloniaux), les communautarismes y étaient parfois des stratégies de survie, et l’antisémitisme qu’on voit s’amplifier en métropole dès les années 1892-93 y avait forcément des ramifications.
7. Les caricatures
Plan du chapitre
Une des multiples caricatures, autour de l’Affaire
Gravure d’un animal avec un casque à pointe réalisée sur l’île Saint-Joseph
Sur l’île Saint-Joseph, la gravure d’un animal coiffé d’un casque à pointe a été repérée lors de l’étude de la zone comportant de nombreuses roches gravées amérindiennes (par Alain Gilbert). Eric Gassies (SRA Guyane) propose de la mettre en parallèle avec la caricature publiée pour dénigrer Dreyfus. Cette gravure tendrait à prouver que non seulement les bagnards et/ou les surveillants se tenaient informés de l’Affaire, mais aussi que l’antisémitisme ambiant en métropole se reflétait dans le microcosme de l’administration pénitentiaire. Le temps et les dégradations causées par les visiteurs ont malheureusement rendu la pierre complètement illisible de nos jours.
Relevé de la gravure animalière trouvée à Saint-Joseph
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