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Les prisons de Guillaume Apollinaire

Le petit Apollinaire illustré

Franck Balandier

Chapitre 3

À partir de photographies contemporaines de la détention, il s'agit d'illustrer quelques extraits de textes rédigés par le poète sur son incarcération. Ainsi, par une mise en perspective personnelle des mots et des images, il est permis de mesurer les distances et les similitudes entre deux "réalités" séparées d'un siècle. Ce jeu de piste indique, en outre, les passages et les lieux essentiels que "fréquenta" Guillaume Apollinaire au cours de ces cinq longues journées tels qu'on peut les découvrir aujourd'hui. Franck Balandier Cette galerie constitue le troisième chapitre du dossier "Les prisons d'Apollinaire".
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Dès que la lourde porte de la Santé se fut fermée derrière moi j'eus une impression de mort...

Cependant, les murs de la cour où je me trouvais, par la nuit claire, étaient couverts de plantes grimpantes...

Mais, la seconde porte franchie et close, je connus que la zone de végétation était passée...

On m'interrogea plusieurs fois...

Puis, à travers des couloirs interminables...

On m'amena devant ma cellule...

Avant d'entrer dans ma cellule, Il a fallu me mettre nu Et quelle voix sinistre ulule Guillaume qu'es-tu devenu ?

Non, je ne me sens plus là Moi-même...

Je suis le quinze de la Onzième...

Le soleil filtre à travers Les vitres Ses rayons font sur mes vers Les pitres...

Dans une fosse comme un ours Chaque matin je me promène...

Le ciel est bleu comme une chaîne...

Dans la cellule d'à côté On y fait couler la fontaine...

Que je m'ennuie entre ces murs tout nus Et peints de couleurs pâles...

Que lentement passent les heures Comme passe un enterrement...

J'écoute les bruits de la ville

Et prisonnier sans horizon Je ne vois rien qu'un ciel hostile

Et les murs nus de ma prison. Guillaume Apollinaire, extraits de "À la Santé" in Alcools, Paris, NRF, 1920, p. 150-155.
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