À ce jour, on ne peut appréhender le contenu même de sa doctrine qu’à travers le livre de René Delpêche et quelques bribes dans la presse. Delpêche est plus habitué à relater dans ses livres des faits divers que de la prose mystique, il semble éprouver quelques difficultés à présenter la pensée d’Ullmo. Les archives de la Compagnie de Jésus, contactées par nos soins, ne possèdent plus dans leurs rayonnages les petits cahiers qu’il a envoyés aux jésuites et dans lesquels il développe ses pensées mystiques et philosophiques. A ce jour ils ont disparus.
Vers 1926, le père Lacour de Grand Maison examine les écrits d’Ullmo qu’il tient du père Fabre. Par l’intermédiaire de Marie-Madeleine Poirier, il fait parvenir en Guyane à Ullmo l’analyse suivante (extraits): « […] l’auteur est un homme pieux, zélé, possédant des exercices de Saint Ignace une connaissance approfondie. …] la forme est calquée sur celle des exercices, ils sont rédigés en français et en latin et l’auteur emploie souvent des mots nouveaux, inspirés, semble-t-il croire par la Sainte Vierge (parturition, inlibration, boulité…), ce qui rend l’intelligence de son message très difficile. […] Car pour en venir au fond, c’est comme un message destiné à substituer la science à la foi, tout en laissant le fidéisme aux simples, que l’auteur conçoit son œuvre. […] Mais il faudrait, pour l’écouter, des signes divins incontestables. S’il ne s’agissait que d’un ensemble de méthodes devant aider à mieux connaître les Exercices, on n’aurait que du bien à dire de cette conception.[…] Mais si, comme l’ensemble des textes le montre, il s’agit d’un message que Marie, par son intermédiaire, confierait à la Compagnie de Jésus et par Elle au monde et ayant pour but de substituer la Science à la foi et les méthodes d’enseignement scientifiques aux modes actuels d’enseignement, alors on ne croit pas que ces Écrits puissent être approuvés. »
Substituer la science à la foi ne pouvait évidemment pas réjouir les jésuites.
Tout Ullmo est là dans cet homme qui entend la vierge, mais qui reste persuadé que la vérité est dans la science. Toute sa vie à Cayenne, auprès de Clémence, de ses filles adoptives, des libérés qu’il aide discrètement, montre qu’Ullmo est un homme bon. Mais il reste un paradoxe vivant, écartelé entre un mysticisme fort, une grande piété et un amour, une fascination pour les femmes. Seule certitude sur sa doctrine : elle n’engage ni à la bigoterie ni à la chasteté… ! Un homme cultivé qui peut écouter la musique en la lisant, qui écrit et lit le latin, fait des mathématiques pour se détendre, maîtrise tous les grands textes philosophiques, a des connaissances scientifiques pointues pour l’époque, mais un homme qui se croit désigné par le Ciel comme une sorte de sauveur. Tel est Ullmo en 1956 lors de son voyage à Paris.