« L’an mil sept cent soixante-dix le vingt un aout heure de midi en l’hôtel et par devant nous Charles Alexandre Ferrand, conseiller du roi, commissaire au Châtelet de Paris par la populace en grand nombre a été amené un particulier vêtu d’un uniforme de robe courte pour, ainsi que plusieurs, avoir arrêté un particulier pour dettes, l’ayant pris pour le débiteur, et est comparu par devant nous Nicolas Beauvais, marchand grainier à Paris, y demeurant dans l’ancienne halle aux blés
Lequel nous a rendu plainte contre le cavalier de robe courte ci-présent, deux autres aussi en uniforme de la même compagnie de robe courte tous trois armés de fusils et d’épées, et contre tous autres fauteurs, moteurs et adhérents et dit qu’il y a environ une demie heure passant rue Troussevache pour aller à ses affaires, il fut surpris de voir au moins dix particuliers, au nombre desquels étaient lesdits trois cavaliers de robe courte avec leurs uniformes, et les autres en habits bourgeois, tomber sur lui, l’un le prendre au milieu du corps, l’autre par le collet jusqu’à le faire devenir violet tant il était serré, et les autres par les bras, lui mettre les menottes, lui donner des coups, l’emmener comme un criminel avec une brutalité singulière, disant "Ah, c’est donc toi, Maigret, nous le tenons, n’es-tu pas marchand de farine, il y a longtemps que nous te cherchons, allons viens avec nous" ; que le plaignant répondit "Vous vous trompez, ce n’est pas moi, je ne m’appelle pas Maigret, je ne fais point de farine, je m’appelle […] »