3. L'infanticide

Plan du chapitre

Une sélection de documents transcrits est proposée à la fin de ce chapitre.

Introduction

“ A dit qu’elle supplie la Cour de juger plus doucement les pauvres femmes accouchées de leur enfant ”, sont parmi les derniers mots prononcés par Anne Grumeau, le 19 janvier 1640, à Paris, quelques instants avant d’être exécutée. L’infanticide – le meurtre d’un enfant nouveau-né – a longtemps été considéré comme un crime à part, caractérisé par une présomption de préméditation, attachée plus à l’auteur du crime qu’au crime lui-même. Si, de nos jours, il a disparu du Code pénal, il a fait l’objet de nombreux textes de loi et d’innombrables procès entre le XVIe siècle et les dernières décennies du XIXe siècle. Les pièces exposées ici, tirées des archives du parlement de Paris, du châtelet de Paris (XVIe-XVIIIe siècles) et de tribunaux de Bretagne (XIXe siècle), concernent des femmes qui, à un moment de l’instruction, nient ou confessent (rarement) les faits qui leur sont reprochés : en premier lieu, ce qui les a poussées à tuer l’enfant à peine sorti de leur ventre. Elles doivent rendre compte de leur accouchement clandestin et de la dissimulation de leur grossesse. Elles décrivent alors les circonstances dans lesquelles l’enfant a été conçu – parfois suite à un viol ou à un inceste – et leurs vaines tentatives pour trouver une alternative au crime.

La nature même des interrogatoires, menés par l’appareil intimidant de la justice, n’est guère favorable à l’émergence de paroles sincères et spontanées. Aussi est-il difficile d’accéder aux émotions et aux sentiments de ces femmes, souvent pauvres et illettrées. Toutefois, certaines pièces révèlent des expressions qui, dans leur pudeur ou leur impudeur, lèvent un voile sur leur intimité, sur leur sexualité le plus souvent extra-conjugale et sur cette longue solitude qui les a menées jusqu’au crime.

Le corps du délit

Depuis l’édit de 1556, le fait de céler (cacher) sa grossesse était passible de lourdes peines. C’était, de fait, la première étape vers l’infanticide. Dans les villes, avec les progrès des expertises médico-légales, il devient de plus en plus difficile aux femmes de nier avoir été enceinte. Dans les zones rurales, il faut cacher à l’entourage les signes qui trahissent la grossesse : la rondeur du ventre d’abord que l’on s’efforce de dissimuler sous des vêtements ou que l’on explique par des “ enflures ” ou des maladies telles que l’hydropisie. Le sang constitue un enjeu crucial : beaucoup tentent de prouver la régularité des règles ; d’autres expliquent comme elles peuvent leur disparition. Enfin, la forme des seins et les écoulements de lait maternel, souvent constatés par des sages-femmes, sont autant de preuves à charge.

L'accouchement clandestin

La plupart des femmes qui se sont livrées à l’infanticide se sont obstinées, pendant tout le temps de leur grossesse, à dénier leur état. Elles n’ont pas senti les mouvements de leur enfant, ou si elles l’ont senti, l’ont souvent attribué à d’autres causes. Elles n’ont, à quelques exceptions près, rien préparé pour sa venue au monde, si bien que les accouchements se produisent dans la plus grande précipitation. Elles se trouvent souvent surprises par les douleurs au milieu de leurs occupations habituelles, qu’elles mènent jusqu’au dernier moment. Il n’est pas rare qu’elles accouchent dans les champs, à quelques pas de leurs compagnons de travail, en étouffant leurs cris de douleur. Si elles ne sont aidées ni par leur mère, ni par une femme de leur entourage, elles vivent ce moment terrible dans une solitude extrême.

Tuer le nouveau-né

L’aveu de l’acte criminel est rare, quand bien même le cadavre du nouveau-né a été retrouvé. La difficulté des mères à relater la manière dont les faits se sont produits, leur incapacité à dire quel était le sexe d’un enfant qu’elles prétendent souvent ne pas avoir vraiment regardé, l’état de panique et de détresse dans lequel la plupart se trouvent au moment des faits expliquent le peu d’égards avec lequel elles paraissent se défaire de la dépouille de leur nouveau-né. Le petit cadavre est enterré à la hâte dans le jardin, jeté à la rivière, abandonné dans un champ, voire livré en pâture aux animaux. Celles qui accouchent dans leur chambre ne trouvent parfois d’autre solution que de dissimuler le corps de leur enfant dans leur armoire, leur malle, ou la paillasse sur laquelle elles continuent à dormir jusqu’à la découverte du crime.

Un crime particulier

L’édit de 1556, premier acte législatif spécialement consacré à l’infanticide, oblige les femmes non mariées qui se retrouvent enceintes à déclarer leur grossesse auprès des autorités. Si, au cours des XVIe et XVIIe siècles, la peine de mort est assez souvent prononcée contre les femmes infanticides, elle tend à prendre au XVIIIe siècle un caractère exceptionnel. Les pièces de procédure témoignent d’une certaine clémence de la part des juges instructeurs, manifestement troublés par la détresse de jeunes femmes et, plus encore, par celles, atteintes de démence ou de débilité, qui ne savent même pas ce qui leur est arrivé. À la Révolution, l’infanticide n’est plus traité comme un crime particulier. Suivant qu’il y a eu ou non préméditation, il est considéré comme un simple meurtre ou comme un assassinat. Le Code pénal de 1810 rétablit la présomption de préméditation qui ne sera abolie que par la loi du 21 novembre 1901. Au XIXe siècle, un grand nombre de procès aboutissent à des acquittements.

L'alternative au crime

Bien des femmes ne se résolvent au crime qu’après avoir épuisé tous les autres moyens de taire leur honte. Nombreuses sont celles qui cherchent par tous les moyens à se procurer un avortement : elles recourent à certaines plantes (sabine, rue, absinthe, armoise) et à toutes sortes de drogues et de médicaments détournés de leur usage premier. Elles s’adressent aussi à des praticiens empiriques qui les saignent, ou leur apposent des sangsues, réputées pouvoir faire reprendre au sang son cours normal. Quand ces manœuvres n’ont produit aucun effet, il reste l’avortement proprement-dit, pratiqué par des matrones, des pharmaciens ou des médecins complaisants. Quand ces manœuvres ont échoué, il ne reste d’autre solution que l’abandon. La mère « expose » son enfant dans un lieu public, généralement de nuit, près d’un hôpital ou d’une église ou cherche à le faire admettre à l’hospice. Aux XVIIIe et XIXe siècles, la pratique se répand de façon considérable, si bien que les conditions d’admission des enfants deviennent de plus en plus draconiennes.

Séduite ou abandonnée ?

Les infanticides sont, dans près de 80 % des cas, commis par des “ filles ” – des célibataires – âgées en moyenne de 25 ans. La plupart sont domestiques, ne savent ni lire ni écrire. Quand la prévenue évoque l’identité du géniteur, il s’agit le plus souvent d’un homme du voisinage qui leur a promis le mariage puis s’est dérobé, d’un domestique, d’un soldat ou d’un ouvrier de passage… quand ce n’est par leur maître. Les relations amoureuses ainsi nouées sont clandestines, les rencontres éphémères. L’enfant peut-être aussi le fruit d’un viol, commis par un proche ou par un inconnu, ou d’un inceste, rarement avoué.

Sélection de documents transcrits

Interrogatoire de Perrine Henneton, 30 ans (plumitif d’audience du parlement de Paris), 31 juillet 1638

Enceinte des oeuvres du curé du village, elle est accusée d’avoir jeté son enfant dans les fosses d’aisance. Alors qu’elle a été condamnée à mort en première instance, la sentence du parlement où elle est jugée en appel est : ad omnia citra mortem [tout sauf la mort].

 

cela arriva sans aulcun mal et passa comme une boulle

" cela arriva sans aucun mal et passa comme une boule "

Interrogatoire de Barbe [?] (plumitif d’audience du parlement de Paris), 27 mai 1626

[…] que la doulleur lui prindent en chemin et qu’elle se coucha dans le chemin ; et ne croia que ce fut le mal d’enfant ; et accoucha au bout d’un quart d’heure et plus 

" […] que les douleurs lui prirent en chemin et qu’elle se coucha dans le chemin ; et ne crut pas que ce fut le mal d’enfant ; et accoucha au bout d’un quart d’heure et plus "

que l’enfant n’estoit qu’âgé de 3 mois et estoit noir ; et que s’estoit blessée ; que l’enfant estoit [en vie ?] et ne soupiroit grandement mais ne cria ny grouilla.

" que l’enfant n’était qu’âgé de 3 mois et était noir ; et qu’elle s’était blessée ; que l’enfant était en vie et ne soupirait pas grandement ; mais il ne cria ni ne grouilla [ne remua]. "

Exécution de l’arrêt de mort d’Anne Grumeau (parlement de Paris), 19 janvier 1640

Anne Grumeau est exécutée le jour même de la sentence place de Grève. Avant de mourir, elle dit aux juges qu’ils l’ont condamnée bien « promptement ». Elle dénonce ensuite, en les nommant, des voisines qui volent des vêtements et des voisins qui sont des voleurs de grand chemin.

 

A dit qu’elle supplie la Cour de juger plus doulcement les pauvres femmes accouchées de leur enfant

" A dit qu’elle supplie la Cour de juger plus doucement les pauvres femmes accouchées de leur enfant "

Déclaration de grossesse de Nicole Bigot, Saint-Denis, 18 septembre 1776

il a déshabillé la comparante et l’ayant mise absolument nue, ce fut à ce moment qu’il consomma son crime

" il l’a déshabillée et l’ayant mise absolument nue, ce fut à ce moment qu’il consomma son crime "

il l’assuroit qu’il vouloit lui faire son bonheur et dans l’espoir du mariage qu’il disoit vouloir contracter incessament avec elle, elle resta chez lui

" il l’assurait qu’il voulait lui faire son bonheur et, dans l’espoir du mariage qu’il disait vouloir contracter incessament avec elle, elle resta chez lui "

Interrogatoire de Jeanne Leroy, 30 ans (parlement de Paris), 13 juillet 1724

Originaire de Croix-Gaudin, près de Laval (Mayenne), elle est fileuse de fillasse. Le dossier d’instruction comporte une pièce dans laquelle les guichetiers de la Conciergerie certifient qu’elle est folle. Elle a eu quatre enfants.

 

Interrogée pourquoy elle a été condamnée d’être pendue par la chastellenie de Poligné.

A dit qu’elle ne scait pas pourquoy sinon qu’on l’accusoit d’avoir jetté ses deux enfants dans le puit

" Interrogée pourquoi elle a été condamnée à être pendue par la châtellenie de Poligné.

A dit qu’elle ne sait pas pourquoi, sinon qu’on l’accusait d’avoir jeté ses deux enfants dans le puits "

mais qu’elle n’en a pas connoissance et que c’estoit des petits moineaux qui voloient en l’air.

Interrogée s’il y a longtemps qu’elle est malade.

" mais qu’elle n’en a pas connaissance et que c’était des petits moineaux qui volaient en l’air.

Interrogée s’il y a longtemps qu’elle est malade. "

 

Interrogatoire de Marie Lamie (parlement de Paris), 28 avril 1703

Int. si elle n’est pas accusée d’avoir fait deux enfants.

A dit qu’elle en fait tous les jours et des poupées qu’elle met coucher avec [?] des catins bien gentilles, qu’elle les met coucher sur le lit de la Demoiselle Vanelle

" Interrogée si elle n’est pas accusée d’avoir fait deux enfants.

A dit qu’elle en fait tous les jours ainsiq que des poupées qu’elle met coucher avec ? ? des putains bien gentilles ; qu’elle les met coucher sur le lit de la Demoiselle Vanelle. "

et riant et remuant les doigts et touchant même à nostre robe, a dit qu’elle vouloit en faire des poupées.

" [Elle parle] en riant et en remuant les doigts et touchant même à notre robe ; elle a dit qu’elle voulait en faire des poupées [de notre robe]. "

Interrogatoire de Françoise Bréou (plumitif d’audience du parlement de Paris), 10 mai 1688

Elle n’a jamais fait de mal à son enfant ; qu’elle l’a jetté dans la rivière pour éviter un plus grand scandal ; qu’il n’est venu à termes ; qu’il auroit esté son bonheur.

" Elle n’a jamais fait de mal à son enfant ; qu’elle l’a jeté dans la rivière pour éviter un plus grand scandale ; qu’il n’est pas venu à terme ; qu’il aurait été son bonheur. "

Procès-verbal d’exécution de Marguerite Targot (parlement de Paris), 18 février 1589

Et estant ladite Tardot au hault de l’eschelle, a demandé à parler à moy, et m’estant approché, a dict qu’elle avoit à la vérité suffoqué son enfant.

" Et [Marguerite] Tardot étant au haut de l’échelle [du gibet], elle a demandé à me parler, et m’étant approché, elle a dit qu’elle avait à la vérité suffoqué son enfant. "

Procès-verbal d’exécution de Catherine Bormiot (parlement de Paris), 6 mai 1600

qu’elle est inocente de la mort de son enfant et qu’elle le bailla le jour mesme qu’elle acoucha, qui fut sur le midy, à Michaut Masson qui luy demanda ledit enfant

et dist qu’il le vouloit mettre en nourice ; luy dist ces motz : “ au non ! mon maistre, je ne veux pas ” ; et après, il print l’enfant ; luy dist qu’il le mettroit en nourice.

" qu’elle est innocente de la mort de son enfant et qu’elle le donna le jour même qu’elle accoucha, qui fut sur le midi, à Michaut Masson [son maître] qui lui demanda l’enfant.

et dit qu’il voulait le mettre en nourrice ; elle lui dit ces mots “ au non ! mon maître, je ne veux pas ! ” ; et après, il prit l’enfant ; lui dit qu’il le mettrait en nourrice. "

Interrogatoire de Pasquette Houin (plumitif d’audience du parlement de Paris), 25 juin 1647

R. qu’elle a tué son enfant.

A dit que non et le porta en une estable mort ainsy qu’il estoit venu et ne remua jamais.

R. qu’yl estoit plein de vie et bien fort et que le cochon l’a mangé.

A dit qu’elle ne luy a fait aulcun mal.

" Remontré qu’elle a tué son enfant.

A dit que non et qu’elle le porta en une étable, mort ainsi qu’il était venu [au monde] et qu’il ne remua jamais.

Remontré qu’il était plein de vie et bien fort et que le cochon l’a mangé.

A dit qu’elle ne lui a fait aucun mal. "

Interrogatoire de Marie de Villers, 28 ans (parlement de Paris), 19 juin 1670

[Interrogée si sa belle-sœur n’a pas dit] : “ Ah putain ! j’ai tousjours bien dit qu’elle avoit jetté son enfant dans le [puits ?] avec le porteur d’eau ”.

A dit que non.

" [Interrogée si sa belle-sœur n’a pas dit] : “ Ah putain ! j’ai toujours bien dit qu’elle avait jeté son enfant dans le puits avec le porteur d’eau ”.

A dit que non. "

Interrogatoire de Claudine Larcher (plumitif d’audience du parlement de Paris), 23 septembre 1678

Int. ce qu’elle a fait de son enfant lorsqu’il vint au monde.

A dit que voyant qu’il estoit mort, elle l’entortilla dans de la paille et le mit dans la paillasse de son lit.

" Interrogée ce qu’elle a fait de son enfant lorsqu’il vint au monde.

A dit que, voyant qu’il était mort, elle l’entortilla dans de la paille et le mit dans la paillasse de son lit. "

Int. ensuitte de cela, où elle le porta.

A dit qu’elle le porta dans la rivière et le coupa en morceau auparavant.

" Interrogée où, ensuite, elle le porta.

A dit qu’elle le porta dans la rivière et le coupa en morceau auparavant. "

Interrogatoire de Jeanne Le Minor, Côtes-d’Armor, 24 décembre 1846

Comment lui avez-vous donné la mort ?

Ma foi, le porc l’a dévoré.

Il était donc vivant au moment où il est venu au monde ?

Non […]

Je ne le croyais pas vivant mais je n’en étais pas sûre et j’ajoute que j’ai laissé le porc le dévorer afin que personne ne l’eût aperçut […]

Interrogatoire de Marguerite Prévost (plumitif d’audience du parlement de Paris), 6 mai 1611

vint grosse en aoust ; accoucha en la maison ; la firent manier par des matrosnes ; ne scavoit quasiment qu’en dire et fut tousjours malade ; estoit loing de gens ; acoucha en mars, [pouvant ?] estre seule en sa maison.

Elle devint grosse en août ; elle accoucha en la maison ; on la fit manier par des matrones ; on ne savait quasiment qu’en dire et elle fut toujours malade ; elle était loin des gens ; elle accoucha en mars, pouvant être seule en sa maison.

 

Int. ce qu’elle a fait de son enfant.

A dit qu’elle le print en son douveteau voir s’il frétilloit ; le meit devant le feu ; estoit pauvrement ; ne luy feit nul mal et l’enterra.

" Interrogée ce qu’elle a fait de son enfant.

A dit qu’elle le prit en son douveteau [lit de plume] pour voir s’il frétillait ; le mit devant le feu ; il était pauvrement (sic) ; elle ne lui fit nul mal et l’enterra. "

Procès-verbal d’exécution de Françoise Lobejois, 35 ans (parlement de Paris), 2 août 1641

Int. si lors de son accouchement, elle ne tira pas son fruit elle-mesme avec force.

A dit que ouy et que personne ne luy ayda et qu’elle eust assez de peyne.

" Interrogée si lors de son accouchement, elle ne tira pas son fruit elle-même avec force.

A dit que oui et que personne ne l’aida et qu’elle eût assez de peine. "

 

Interrogatoire de Jeanne Imbert (parlement de Paris), 13 novembre 1599

A dit qu’elle ne luy a point fait de mal et aimoit? trop son enfant.

" A dit qu’elle ne lui a point fait de mal et qu’elle aimait trop son enfant. "

A dit qu’elle s’endormit et quand elle se réveilla, ne se trouva à [l’envers ?] sur son enfant.

" A dit qu’elle s’endormit et que quand elle se réveilla, elle se trouva à l’envers, sur son enfant. "

Interrogatoire de [Marthe ?] Chevallier (plumitif d’audience du parlement de Paris), 12 octobre 1623

[…] meit son enfant à terre et tomba son ? face dans la rue et se rompit le boyau par la pesanteur de l’enfant ; et ne sortit pas beaucoup de sang lors.

" […] elle mit son enfant à terre et son ? tomba face dans la rue ; et le boyau [le cordon ombilical] se rompit par la pesanteur de l’enfant ; et il ne sortit pas beaucoup de sang alors. "

Interrogatoire de Jullienne Chausser (plumitif d’audience du parlement de Paris), 22 novembre 1638

l’enfant est venu pour mort au monde ; luy voulut donner la mamelle et luy souffla en la bouche ; et qu’yl s’en falloit d’un mois qu’elle ne fut à terme.

" l’enfant est venu pour mort au monde ; elle voulut lui donner la mamelle et lui souffla en la bouche ; et qu’il s’en fallait d’un mois qu’elle ne fût à terme. "

Interrogatoires de Claudine Rugié, 35 ans (plumitif d’audience du parlement de Paris), 3 mai 1687

Cette double-page de plumitifs d’audience comprend quatre interrogatoires : ceux de trois femmes condamnées à mort pour infanticide et celui d’un homme blasphémateur. Pour Claudine Rugié, la sentence de mort est confirmée. C’est aussi le cas de la deuxième, Marie Baron, âgée de 25 ans, qui accuse son maître de l’avoir mise enceinte et de lui avoir pris l’enfant après l’accouchement. Quant à la troisième, Jeanne Mirfray, qui évoque les mauvais traitements que lui ont infligés les enfants de son mari, elle est bannie à perpétuité du ressort du parlement de Paris.

 

A dit qu’elle demande pardon à la Cour ; qu’il luy pris une colique ; ala se reposer sur les lieux ; qu’elle sentit quelque chose qui tomba d’elle sans scavoir ce que c’estoit

" A dit qu’elle demande pardon à la Cour ; qu’il lui pris une colique ; qu’elle alla se reposer sur les lieux [d’aisance] ; qu’elle sentit quelque chose qui tomba d’elle sans savoir ce que c’était "

Interrogatoire de Marie Bienfait pour recel de grossesse, 25 ans (châtelet de Paris), 12 mars 1725

Jeune veuve âgée de 25 ans, Marie Bienfait est blanchisseuse, originaire de l’Île-Saint-Denis. Elle est accusée d’avoir caché sa grossesse.

Qu’elle se mit sur son lit où à peine fut-elle qu’elle accoucha et que tout vint ensemble […]

 

Enquise si c’estoit un garçon ou une fille.

A dit qu’elle n’en sait rien et ne l’a point veu.

" Enquise si c’était un garçon ou une fille.

A dit qu’elle n’en sait rien et ne l’a point vu. "

Procédure contre Marie Guyot, 20 ans (châtelet de Paris), 15 septembre 1784

elle étoit debout dans sa cuisine lorsque c’est sorti ; qu’elle avoit la tête si troublée qu’elle ne savoit pas ce que c’étoit ; qu’elle a pris ce qui étoit sorti et qu’elle l’a jetté par la fenêtre qui étoit ouverte et qu’elle ne ferme pas parce qu’elle avoit trop chaud.

" elle était debout dans sa cuisine lorsque c’est sorti ; qu’elle avait la tête si troublée qu’elle ne savait pas ce que c’était ; qu’elle a pris ce qui était sorti et qu’elle l’a jeté par la fenêtre qui était ouverte et qu’elle ne fermait pas parce qu’elle avait trop chaud. "

Interrogatoire de Magdelaine Potier, 18 ans (parlement de Paris), 1er mars 1731

Magdelaine Potier est « fille » (c’est-à-dire une femme non mariée), servante domestique chez la veuve Testu. En prison à la Conciergerie, elle est jugée en appel au parlement de Paris.

 

Int. ce qu’elle a fait de l’enfant dont elle est accouchée.

A dit qu’elle l’avoit mis dans son tablier mais qu’ayant perdu conoissance, elle ne scait ce qu’est devenu sond. Tablier.

" Interrogée ce qu’elle a fait de l’enfant dont elle est accouchée.

A dit qu’elle l’avait mis dans son tablier mais qu’ayant perdu connaissance, elle ne sait ce qu’est devenu son tablier. "

Interrogatoires de Jehanne Raison (plumitif d’audience du parlement de Paris), 13 octobre 1634

qu’elle fut 4 fois à batre à la porte d’un voisin mais ne se réveilla ; et que jamais elle n’a fait mal à son enfant ; et tomba dessus et que le boyau rompit et ne l’a jamais estouffé

" qu’elle fut 4 fois battre à la porte d’un voisin mais qu’il ne se réveilla ; et que jamais elle n’a fait mal à son enfant ; et qu’elle tomba dessus et que le boyau [le cordon ombilical] se rompit et qu’elle ne l’a jamais étouffé "

Interrogatoire de Jehane Bourguoin (plumitif d’audience du parlement de Paris), 9 janvier 1637

qu’aussy tost qu’elle fut sur l’aissement, son enfant tomba et n’a couppé le nombry.

" qu’aussitôt qu’elle fut sur l’aissement [la fosse d’aisance], son enfant tomba et qu’elle n’a pas coupé le nombril [le cordon]. "

R. qu’elle a confessé l’avoir couppé et le tira dès à présent.

A dit qu’yl est vray qu’elle couppa un boiau dans la cuisine et ne se peult retirer.

" Remontré qu’elle a confessé l’avoir coupé et qu’elle le tira immédiatement.

A dit qu’il est vrai qu’elle coupa un boyau [le cordon] dans la cuisine et qu’elle ne put le retirer. "

Interrogatoire d’Anne Le Roy, 25 ans (parlement de Paris), 27 juillet 1737

Anne Le Roy, fille majeure de 25 ans, lingère, demeure à Bellon, en Auvergne.

 

Int. pourquoy, après que l’enfant dont elle est accouchée est venu au monde, on ne luy a pas noué le cordon du nombril.

A dit que cela n’a pas été fait parce que ledit enfant étoit mort en venant au monde.

" Interrogée pourquoi, après que l’enfant dont elle est accouchée est venu au monde, on ne lui a pas noué le cordon du nombril.

A dit que cela n’a pas été fait parce que l’enfant était mort en venant au monde. "

Interrogatoire de Marie Hoinin (plumitif d’audience du parlement de Paris), 31 mai 1622

R. qu’un petit garçon qui coucha avec elle, luy a maintenu estre sortie de son lict et qu’yl tomba quelque chose de son ventre, qu’elle enterra en la terre et le déllivre mis dans le cendre.

" Remontré qu’un petit garçon qui coucha avec elle, lui a maintenu qu’elle est sortie de son lit et qu’il tomba quelque chose de son ventre, qu’elle l’enterra en la terre et mit le délivre [le placenta] dans la cendre. "

A dit qu’on a faict dire ce qu’on a voullu à ce garson-là […]

" A dit qu’on a fait dire ce qu’on a voulu à ce garçon-là […] "

Procédure contre Marie Guyot, 20 ans (châtelet de Paris), 16 septembre 1784

qu’au bout d’une demi-heure, elle a senty encore quelque chose qui vouloit sortir par la matrice ; qu’en effet, en sorty un autre paquet qu’elle ne scavoit pas ce que c’étoit ; et l’a gardé jusqu’à sept heures du matin ;

" qu’au bout d’une demi-heure, elle a senti encore quelque chose qui voulait sortir par la matrice ; qu’en effet, il en sortit un autre paquet ; qu’elle ne savait pas ce que c’était ; et elle l’a gardé jusqu’à sept heures du matin ; "

[…] ayant entendu dire qu’on avoit trouvé un enfant et soupçonnant par cela même que c’étoit elle qui étoit accouchée d’un enfant, elle a été jetter ce second paquet dans les commodités.

" […] ayant entendu dire qu’on avait trouvé un enfant et soupçonnant par cela même que c’était elle qui était accouchée d’un enfant, elle a été jeté ce second paquet dans les commodités. "

Rapport d’expertise sur Marie Guyot par le médecin du châtelet de Paris, 18 septembre 1784

[…] l’ayant examinée, nous ne luy avons trouvé aucune marque de fletrissure. Ayant suivis notre examen pour savoir si elle est accouchée récemment

nous avons trouvé les seins durs, gonflés et rendant du lait ; l’ayant touché par ses parties naturelles, nous avons trouvé le col de la matrice dilaté, le vagin humecté de lochies [sang corrompu]

et sur ses linges des taches qui annoncent un écoulement, suite ordinaire de l’enfantement. D’après ces signes, nous estimons que la ditte fille Guyot est accouchée depuis trois à quatre jours.

Interrogatoire de Marguerite Dechenée (plumitif d’audience du parlement de Paris), 9 mai 1577

R. qu’elle a esté grosse.

A dit que non et qu’elle eut une enfleure dont elle eut une vuidange par haut et par bas, comme femme.

" Remontré qu’elle a été grosse.

A dit que non et qu’elle eut une enflure dont elle eut une vidange [évacuation], par haut et par bas, comme les femmes en ont. "

Interrogatoire de Marie de Marida, 24 ans (plumitif d’audience du parlement de Paris), 7 septembre 1612

A dit qu’elle n’est jamais accouchée ; estoyt grosse d’enfleure ; y avoit plus de 18 mois sans avoir ses mois

" A dit qu’elle n’a jamais accouché ; qu’elle était grosse d’enflure ; qu’il y avait plus de 18 mois qu’elle n’avait plus ses mois [ses règles] "

Interrogatoire de Marie Brochet (parlement de Paris), 22 août 1658

Int. sy un jour le travail d’enfant l’ayant prise, elle se plaignit pas pour cacher sa grossesse et le travail où elle estoit, ne dit pas qu’elle avait la collique.

" Interrogée si un jour, le travail d’enfant l’ayant prise, elle ne se plaignit pas et, pour cacher sa grossesse et le travail où elle était, elle ne dit pas qu’elle avait la collique. "

A dit qu’elle n’a jamais dit cela pour cacher aucun travail d’enfant et que quant elle a eu quelque collique, elle l’a dit.

" A dit qu’elle n’a jamais dit cela pour cacher un travail d’enfant et que, quant elle a eu quelque collique, elle l’a dit. "

Procès-verbal de question de Renée Eveillard ? (parlement de Paris), 7 janvier 1693

Int. si elle n’a pas esté grosse avant le jour de Pasques.

A dit qu’elle ne l’a poinct esté du tout mais qu’elle parroisoit plus grosse que l’ordinaire parce qu’elle mettoit les habits de son mary sous les siens.

" Interrogée si elle n’a pas été grosse avant le jour de Pâques.

A dit qu’elle ne l’a point été du tout mais qu’elle paraissait plus grosse que d’ordinaire parce qu’elle mettait les habits de son mari sous les siens. "

Interrogatoire de Renée Mignot (parlement de Paris), 1597

c’est un cocher qui estoit au logis ; luy feit ung enfant ; estoit enflée et plus grosse de sept mois ; luy print une vydange ; qu’elle ne saignoit que de sang.

" c’est un cocher qui était au logis ; il lui fit un enfant ; elle était enflée et plus grosse de sept mois ; il lui prit une vidange [évacuation] ; qu’elle ne saignait que du sang. "

Procès-verbal de question de Jacqueline Baudelot (parlement de Paris), 31 mars 1719

A dit qu’elle n’a point esté grosse et que le mal qu’elle avoit, c’estoit seulement ses ordinaires.

" A dit qu’elle n’a point été grosse et que le mal qu’elle avait, c’était seulement ses ordinaires [ses règles]. "

Int. si elle n’a pas dit au chirurgien qui l’a seigné à la fin de novembre qu’il y avoit longtemps qu’elle n’avoit eu ses ordinaires.

A dit qu’elle luy a dit qu’il y avoit deux mois qu’elle ne les avoit eu.

" Interrogée si elle n’a pas dit au chirurgien qui l’a saignée à la fin de novembre qu’il y avait longtemps qu’elle n’avait pas eu ses ordinaires.

A dit qu’elle lui a dit qu’il y avoit deux mois qu’elle ne les avait eues. "

Procès-verbal de question de Guillemette Chatelain (parlement de Paris), 31 janvier 1585

Enq. si elle a esté visitée par des sages femmes ; y avoyt laict aux mamelles.

A dit qu’elle fut visitée mais n’avoyt laict.

" Enquise si elle a été visitée par des sages femmes ; s’il y avait du lait à ses mamelles.

A dit qu’elle fut visitée mais qu’il n’y avait pas de lait. "

Procès verbal de question de Nicole Huot (parlement de Paris), 27 septembre 1587

Si les sages femmes ne la visitèrent.

A dit qu’ouy et trouvèrent/tirèrent? Une goutte de laict rouge et une aultre à chacune des mamelles et qu’il n’y avoyt aulcune [remembrance ?] d’enfant et que c’estoit du sang.

" Si les sages femmes ne la visitèrent pas

A dit que oui et qu’elles trouvèrent une goutte de lait rouge et une autre à chacune des mamelles ; et qu’il n’y avait aucune remembrance [ressemblance] d’enfant et que c’était du sang. "

Procès verbal de question de Françoise Lelarge (parlement de Paris), 20 septembre 1599

R. par le jour qu’elle est visitée, elle a esté trouvée ayant du laict à mamelles.

A dit que non ; a recongneu avoir fait faulte avec un garçon mais s’est retiré et qu’elle est innocente.

" Remontré que le jour qu’elle a été visitée, elle a été trouvée avec du lait aux mamelles.

A dit que non ; elle a reconnu avoir fait faute avec un garçon mais qu’il s’est retiré et qu’elle est innocente. "

Interrogatoire de Pierrette Vaillant (plumitif d’audience du parlement de Paris), 2 août 1627

R. qu’elle avoit du laict au mamelle.

A dit que cela est faux et n’avoit eu aulcun enfant ; qu’elle ne s’est jamais abandonnée ni failly avec personne ;

" Remontré qu’elle avait du lait aux mamelles.

A dit que cela est faux et n’avait eu aucun enfant ; qu’elle ne s’est jamais abandonnée ni n’a failli avec personne ; "

Interrogatoire de Pierrette Vaillant (plumitif d’audience du parlement de Paris), 2 août 1627

Que Marlot n’a mis la main en son seing ny soubz la cotte ; et qu’elle n’a jamais commis mal ; qu’elle n’est point accouchée.

" Que Marlot n’a pas mis la main sur son sein, ni sous sa cotte [sorte de jupe] ; et qu’elle n’a jamais commis de mal ; qu’elle n’a point accouchée. "

Interrogatoire de Pasquette Morel (plumitif d’audience du parlement de Paris), 16 mai 1685

N’a advertye personne de sa grossesse ; qu’elle ne voulut pas montrer son sein aux autres filles qui montraient le leur parce qu’elle estoit grosse.

" N’a avertie personne de sa grossesse ; qu’elle ne voulut pas montrer son sein aux autres filles qui montraient le leur parce qu’elle était grosse [pour se moquer d’elle]. "

Interrogatoire de Marie Anne Louet (plumitif d’audience du parlement de Paris), 23 mai 1707

Si elle n’avoit pas le sein fort eslevé et le ventre gros, ayant du lait aux mamelles.

A dit qu’à force de luy presser le sein, il luy a esté trouvé deux gouttes ; ne scait de quoy c’est.

" Si elle n’avait pas le sein fort élevé et le ventre gros, avec du lait aux mamelles.

A dit qu’à force de lui presser le sein, il lui a été trouvé deux gouttes ; qu’elle ne sait ce que c’est. "

Interrogatoire d’Anne Belin, 35 ans (parlement de Paris), 24 janvier 1737

Int. s’il ne luy a pas manié plusieurs fois le sein lorsqu’elle tiroit avec luy une eau rouffle qui luy sortoit par le bout du sein, vers le commencement de sa grossesse.

" Interrogée s’il [= le géniteur] ne lui a pas manié plusieurs fois le sein lorsqu’elle tirait avec lui une eau rouffle [du pus] qui lui sortait par le bout du sein, vers le commencement de sa grossesse. "

A dit que non et que ledit sieur Cornu n’a jamais eu connoissance qu’il luy sortoit de l’eau rouffle par le bout du sein, que du moins elle ne le luy a jamais dit.

" A dit que non et que le sieur Cornu n’a jamais eu connaissance qu’il lui sortait de l’eau rouffle par le bout du sein, que du moins elle ne le lui a jamais dit. "

Déclaration de grossesse faite par Marie-Margueritte Gibour pour Etiennette Parein, Saint-Denis, 1779

[elle a] délivré des douleurs de l’enfantement d’un garçon la nommée Etiennette Parein

et a déclaré l’enfant provenir des œuvres d’Adrien Le Duc, tailleur de pierres à St-Denis

que cet enfant a été baptisé sur la paroisse de St-Michel de cette ville sous le nom de Pierre et de suite porté aux enfants trouvés à Paris.

Interrogatoire de Marie Fardoit (plumitif d’audience du parlement de Paris), 14 juin 1606

R. qu’elle avoit ses vidanges et que sa mère apporta demy ceptier de vin et luy meit de la ruë dans la nature pour la faire pisser.

" Remontré qu’elle avait ses vidanges [évacuations] et que sa mère apporta un demi-ceptier de vin et qu’elle lui mit de la ruë dans la nature pour la faire pisser. "

A dit que c’est une méchante femme ; qu’elle a eu des vidanges mais non plus grandes que de coustume.

" A dit que c’est une méchante femme [sa mère] ; qu’elle a eu des vidanges mais pas plus grandes que de coutume. "

Procès-verbal de question de Madeleine Drouet, 27 ans (parlement de Paris), 27 février 1708

[elle a dit que le géniteur] luy dit de prendre de l’absynthe qui donne du vin blanc, de la poudre qu’il luy dit estre de la [bleyne ?] ; elle en prit mais cela ne luy a fait aucun mal 

" [elle a dit que le géniteur] lui dit de prendre de l’absinthe qui donne du vin blanc, de la poudre qu’il lui dit être de la [bleyne ?] ; elle en prit mais cela ne lui a fait aucun mal "

Interrogatoire de Françoise Cances, 32 ans (parlement de Paris), 15 juin 1708

Interrogée sur ses actes de débauche, Françoise Cances dénonce un curé, dénommé Morel, d’avoir abusé d’elle et d’avoir tenté de la faire avorter lors d’une première grossesse. Elle assure avoir eu un enfant de lui, qu’elle a d’ailleurs à ses côtés lors de cet interrogatoire. Confronté à elle, le curé nie et l’accuse d’avoir eu des relations incestueuses avec son frère.

 

Le premier breuvage estoit composé de vin et de feuilles de rüe, qu’elle bu le vin et jetta les feuilles par terre ;

" le premier breuvage était composé de vin et de feuilles de rüe, qu’elle bu le vin et jeta les feuilles par terre ; "

le second estoit blanchastre, ne scayt de quoy il estoit composé, qu’elle ne le prist point et le renversa par terre ;

" le second était blanchâtre ; elle ne sait de quoi il était composé, qu’elle ne le prit point et le renversa par terre ; "

et le troisième estoit jaune comme du safran, lequel elle ne prit point pareillement et le renversa par terre

" et le troisième était jaune comme du safran ; qu’elle ne le prit point pareillement et le renversa par terre "

Procès-verbal de question et d’exécution d’Isabelle Bauce, 19 ans (parlement de Paris), 12 octobre 1719

Couturière, habitant Chartres, Isabelle Bauce est à genoux pour entendre, dans la chambre de la question, l’arrêt de la Cour qui déclare qu’elle sera pendue et étranglée, qu’il lui sera appliqué la question « pour avoir révélation de ses complices ».

 

Int. si mère luy a donné des breuvages et quels ?

A dit qu’ouy et que sa mère luy a effectivement donné de [faluppe ?] et du jus d’abseinte.

" Interrogée si mère lui a donné des breuvages et lesquels ?

A dit que oui et que sa mère lui a effectivement donné de [faluppe ?] et du jus d’absynthe. "

 

Interrogatoire de Françoise Léger (plumitif d’audience du parlement de Paris), 9 janvier 1651

R. qu’elle a pris des boissons pour se faire accoucher.

A dit que non et a esté seigné 3 fois par ordre du médecin.

" Remontré qu’elle a pris des boissons pour se faire accoucher.

A dit que non et qu’elle a été saignée 3 fois par ordre du médecin. "

Interrogatoire d’Anthoinette Jannet (plumitif d’audience du parlement de Paris), 16 avril 1641

Pourquoy elle a tué son enfant ?

 

A dit que ça est sondit maître qui l’a faict et qu’yl lui a plusieurs fois pressé le corps et luy a marché dessus et donné plusieurs coups de poing dans le ventre […]

" A dit que c’est son maître qui l’a fait [l’enfant] et qu’il lui a plusieurs fois pressé le corps et lui a marché dessus et donné plusieurs coups de poing dans le ventre […] "

Confrontation entre Françoise Cances, 32 ans, et François Morel (parlement de Paris), 12 juillet 1708

[= le géniteur] luy donna une grande bande de ruban de fil avec une petite bande de toille avec un bouquet de rüe et luy ordonna d’appliquer le tout sur sa partye

" Ledit sieur Morel [le géniteur] lui donna une grande bande de ruban de fil avec une petite bande de toile avec un bouquet de rue et lui ordonna d’appliquer le tout sur sa partie [son sexe] "

Interrogatoire de Catherine Bréjard, 24 ans (parlement de Paris), 30 mars 1730

Catherine Bréjard est « fille mineure », demeure à Bar-sur-Seine.

[…] elle s’est laissé tomber d’un haut d’un escalier en bas, que cette chute violente ayant précipité ses couches, elle s’est adressée à un chirurgien qui l’accoucha et ondoya [baptisa de façon sommaire] l’enfant qui mourut un quart d’heure après

Interrogatoire de Marie Perrot, 32 ans (parlement de Paris), 13 décembre 1633

A dit que ledit curé estant dans sa chambre la jetta sur le lit et luy dict que ce n’estoit pas un sy grand mal et enfin [eut] sa compagnie charnelle et a continué pendant six mois

" A dit que le curé, étant dans sa chambre, la jeta sur le lit et lui dit que ce n’était pas un si grand mal et enfin eut sa compagnie charnelle et a continué pendant six mois "

Interrogatoire de Marie Aujouannet (parlement de Paris), 22 janvier 1658

Luy avons remonstré comment elle s’est tant oubliée, estant de condition et de naissance, de se laisser suborner par un jeune gentilhomme soubz prétexte d’un mariage.

" Lui avons remontré comment elle s’est tant oubliée, étant de condition et de naissance, de se laisser suborner par un jeune gentilhomme sous prétexte d’un mariage. "

A dit que son aage et la foiblesse de son sexe, oultre les promesses qu’il luy faisoit journellement de l’espouser immédiatement après les festes de Noël ensuivant firent impression sur son esprit.

" A dit que son âge et la faiblesse de son sexe, outre les promesses qu’il lui faisait journellement de l’épouser immédiatement après les fêtes de Noël suivantes, firent impression sur son esprit. "

Interrogatoire de Madeleine Argent (parlement de Paris), 20 février 1659

Int. si elle a pas eu habitude avec le nommé Musnier et couché avec luy au village de Taverny

" Interrogée si elle n’a pas eu habitude avec le nommé Musnier et couché avec lui au village de Taverny "

A dit qu’elle le peut bien congnoistre mais n’a point couché avec luy et que l’on ne couche point à tous ceux que l’on congnoist

" A dit qu’elle peut bien le connaître mais qu’elle n’a point couché avec lui et que l’on ne couche point avec tous ceux que l’on connaît "

Recollement d’accusée, Catherine Bachevilliers (parlement de Paris), 12 octobre 1702

Youst entra dans la chambre où elle estoit couchée lad. nuict, sans qu’elle fut éveillée, qu’elle avoit le dos tourné du costé de la porte,

" Youst [= le maître] entra dans la chambre où elle était couchée ladite nuit, sans qu’elle fut éveillée, qu’elle avait le dos tourné du côté de la porte, "

estant couchée sur le bord du lit, qu’elle, sentant beaucoup de mal, elle s’éveilla et cria aussitost

" étant couchée sur le bord du lit ; que sentant beaucoup de mal, elle s’éveilla et cria aussitôt "

Led. Youst se retira, elle se sentit mouillée et led. Youst luy mit un linge dans la bouche pour l’empescher de crier

" Youst se retira ; elle se sentit mouillée et Youst lui mit un linge dans la bouche pour l’empêcher de crier "

[dans la marge]  que led. Youst la conneut cette nuict par derrière, par l’endroit ordre où les hoes connoissent les femmes

" que Youst la connut cette nuit par derrière, par l’endroit ordinaire où les hommes connaissent les femmes"

Interrogatoire de Marguerite Gaberot (plumitif d’audience du parlement de Paris), 20 décembre 1583

Dit que son père a eu sa compagnie charnelle en une chambre de dérière de la maison et qu’il l’a baisé plusieurs foys quand y avoyt personne.

" Dit que son père a eu sa compagnie charnelle en une chambre derrière la maison et qu’il l’a baisée plusieurs fois quand il n’y avait personne. "

[…] et la première foys que son père eut sa compagnie charnelle, il luy estouppa la bouche et la tint quinze jours en la maison.

" […] et la première fois que son père eut sa compagnie charnelle, il lui estouppa la bouche et la tint quinze jours en la maison. "

Procès-verbal de question de Michèle Joanette (parlement de Paris), 27 juillet 1608

“ Je n’ay point couché avec mon père en un mesme lict ! ”

" “ Je n’ai point couché avec mon père en le même lit ! ” "

R. que son père luy a manié ses parties honteuzes et dict qu’elle estoyt sèche.

A dit que jamais.

" Remontré que son père lui a manié ses parties honteuses et qu’elle a dit qu’elle était sèche.

A dit que jamais. "

 

Interrogatoire de Magdelaine Demonchy (parlement de Paris), 17 mai 1700

Interrogée si elle n’a jamais couché avec son père et pourquoy elle y couchoit.

" Interrogée si elle n’a jamais couché avec son père et pourquoi elle y couchait. "

A dit qu’elle y a couché pendant trois mois pendant le fort de l’hiver, il y eust unze ans à Noël dernier et qu’elle couchoit au pied de son lit avec deux sœurs […]

" A dit qu’elle y a couché pendant trois mois pendant le fort de l’hiver, il y eut onze ans à Noël dernier et qu’elle couchait au pied de son lit avec deux sœurs […] "

Procès-verbal d’exécution de Michelette Chana, 20 ans (parlement de Paris), 4 juin 1668

Int. sy elle a pas couché seulle avec son oncle.

A dict qu’elle n’y a jamais couché que avec sa tante ; n’y ayant qu’ung lit et qu’il ne l’a jamais touché.

" Interrogée si elle n’a pas couché seule avec son oncle.

A dit qu’elle n’y a jamais couché qu’avec sa tante, n’y ayant qu’un lit, et qu’il ne l’a jamais touchée. "

Continuer la visite de l'exposition Présumées coupables, du XIVe au XXe siècle