Fantômas surgit comme un des monuments les plus formidables de la poésie spontanée. Le texte est ici digne de l’illustration. Toute la période qui précéda la guerre y est décrite avec une précision qui concourt précisément au phénomène lyrique. Intrigues internationales, vie des petites gens, aspect des capitales et particulièrement de Paris, mœurs mondaines telles qu’elles sont, c'est-à-dire telles que les imagine le peuple, mœurs bourgeoises, mœurs policières et présence pour la première fois du merveilleux propre au XXe siècle, utilisation naturelle des machines et récentes inventions, mystère des choses, des hommes et du destin.
Les trente-deux volumes de cette épopée moderne possèdent chacun une couverture représentant l’une des scènes du roman. Chose étrange ce n’est pas toujours la scène la plus marquante qui est utilisée mais c’est toujours la plus curieuse.
La couverture du premier volume représentant Fantômas lui-même, en chapeau haut de forme, cape et masque, se dressant gigantesque et posant le pied sur Paris, prit une importance énorme dans la mythologie et l’onirologie parisiennes. L’élégance du héros, le poignard sanglant qu’il tient à la main bouleversèrent les idées reçues et détruisirent l’idée de l’escarpe miteux, lamentable et vêtu de haillons qui avait lui-même remplacé un autre gentleman : Rocambole.