La série achevée dans les eaux froides de l’Atlantique nord dans lesquelles ont péri Juve, Fandor et Fantômas, lors du naufrage du Steamer Gigantic, est reprise en avril 1926 par le seul Marcel Allain (Pierre Souvestre est mort en février 1914) sous le titre sans équivoque Fantômas est-il ressuscité ? Ce nouvel épisode est rapidement suivi de beaucoup d’autres : des fascicules hebdomadaires de 16 pages publiés d’avril à décembre par la SPE (Société Parisienne d’Edition) détenue par la maison d’édition des frères Offenstadt. L’ensemble compte 34 fascicules, qui composent 5 récits complets : Fantômas est-il ressuscité ?, Fantômas roi des receleurs, Fantômas en danger, Fantômas prend sa revanche, Fantômas attaque Fandor, repris ensuite en volume par Fayard de 1934 à 1937.
2. Les suites de la série
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Les suites de la série
A compter de 1932, l’éditeur Fayard met en vente une nouvelle édition complète. Les illustrations polychromes de Gino Starace cèdent la place à des couvertures photographiques en noir et blanc dont la réalisation est confiée à l’un des grands studios parisiens, celui de Teddy Piaz, les titres sont tous modifiés pour introduire le nom de Fantômas. Les clichés s’efforcent de rendre compte des scènes-phares de l’épisode et de restituer une part de sa dynamique, reprenant même parfois la composition de Gino Starace tout en dégageant un léger parfum « années 1930 ».
De 1929 à 1930, l’éditeur praguois Jan Fromek publie en tchèque les 10 premiers épisodes de Fantômas. Le peintre et poète surréaliste tchèque Jindrich Styrsky compose pour l’occasion dix photo-montages polychromes originaux qui ornent les couvertures. On retrouve dans le mouvement, les compositions, dans les regards ou les détails incongrus les traces de ce merveilleux poétique qu’avait su capter Starace.
Les éditions Robert Laffont publient de 1961 à 1964 une nouvelle série, sous couverture rouge, soit 11 volumes reprenant les 22 premiers épisodes, officiellement dotés d’un texte définitif revu par Marcel Allain, mais qui fait l’objet d’importantes coupes et de réécritures. C’est sous cette forme tronquée, qu’une nouvelle génération de lecteurs découvre Fantômas. Les coupes réalisées font désormais autorité et le même texte abrégé est repris par Le livre de Poche en 1966 et par le Cercle du Bibliophile dans l’édition genevoise parue de 1970 à 1973.
Lancée en 1962 par Cino Del Duca, grand maître de la presse de cœur, la série de romans-photos (17 livraisons en fascicules) adapte les quatre premiers épisodes du cycle. Révélatrice du désir de moderniser Fantômas, la tentative n’est guère convaincante : gauche et lourd dans son maillot de rat d’hôtel, le héros prête plus au ridicule qu’à l’effroi.
De 1956 à 1958, les éditions Ventillard (collection Rex) publient les 24 premiers épisodes, qui retrouvent leurs titres originaux mais qui se voient fortement abrégés dans des fascicules de 120 pages, illustrés de couvertures de Michel Gourdon, le dessinateur attitré du « Fleuve noir », qui les apparente au tout venant policier des années 1950. Fantômas y épouse de nouveaux codes graphiques : ceux du mouvement, de l’érotisme et du virilisme en complet veston propres aux récits d’action des années 1950.
En 1968, l’éditeur d’art André Sauret publie un volume relié plein cuir du premier épisode, préfacé par Pierre Mazars et illustré de huit lithographies originales de Bernard Buffet.
Francis Lacassin est à l’initiative de la réédition des épisodes originaux du roman de Souvestre et Allain aux éditions Laffont dans la collection « Bouquins ». 3 volumes paraissent de 1987 à 1989, offrant les 10 derniers tomes du cycle (XXIII à XXXI) qui n’ont jamais été réédités depuis 1934. Il faut attendre 25 ans avant la réédition (2013-2015) sous la direction de Loïc Artiaga et Matthieu Letourneux de 5 volumes supplémentaires porteurs des épisodes I à XXIII.
Le tracé sombre, inquiétant et presque torturé de Julie Rocheleau donne à Fantômas un univers graphique à sa démesure. Le scénario d’Olivier Bocquet, aiguisé, glacé, impose au récit un rythme qui tient de l’effroyable. Les couleurs sont ici décisives. Entre le rouge du sang qui coule et le vert des cadavres qui s’amoncellent, leur Fantômas fait peur.