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Les « vrais » Tontons flingueurs

Émile Buisson dit "l'ennemi public n°1"

Jean-Claude Vimont

Source : collection particulière

Photographie anthropométrique d’Émile Buisson probablement réalisée lors d'une arrestation avant 1936.

Source : collection Jean-Claude Vimont

Émile Buisson fit la couverture de Police magazine en mai 1936, un peu plus de dix années avant de devenir l'ennemi public numéro 1. Il avait été arrêté dans le cadre d'une affaire de faux titres que lui et ses complices tentaient de revendre à bas prix à des succursales bancaires.

Émile Buisson, né en 1902, était à cette époque déjà titulaire de neuf condamnations et était sous le coup d'un mandat de recherche du parquet de Montélimar. Son complice Albert Cazauba, né en 1906, avait déjà été condamné à cinq années de prison et dix années d'interdiction de séjour pour émission de faux titres. Il était recherché par le parquet de Bordeaux. La police arrêta au total treize complices.

Source : collection Jean-Claude Vimont

Détective, numéro 207 du 19 juin 1950. le titre complet de la couverture était le suivant : "Triomphant de difficultés inouïes, la Sûreté nationale vient d'arrêter 

Émile Buisson l'ennemi public n°1 surpris ici entre deux policiers dans l'ascenseur du 11 rue des Saussaies.

Source : collection Jean-Claude Vimont

Dans le Milieu, on attribuait une trentaine de meurtres à celui qui passait pour un clerc de notaire et adorait les bonnes tables. Photographie extraite de Détective du 20 avril 1953.

Source : collection Jean-Claude Vimont

La presse suivait les reconstitutions des crimes d’Émile Buisson. Les holdups sanglants, les victimes assassinées lors d’agressions violentes le promettaient à la guillotine, selon les vœux de l’hebdomadaire Détective. Article publié dans le numéro du 4 février 1952.

Source : collection Philippe Zoummeroff

Un gendarme lors de la reconstitution de l’une des agressions mortelles d’Émile Buisson.

Source : collection Jean-Claude Vimont

Jean-Baptiste Buisson en 1953 dans les locaux de la Brigade criminelle. Il a été arrêté trois mois après le meurtre de Michel Cardeur dit Robert l’Avocat dans le bar la Sirène, rue Saint-Denis à Paris. Il était revenu dans ce bar pour venger l’honneur de son frère Émile, traité « d’enculé » ou de donneur par un autre consommateur. L’Avocat s’interposa et prit les balles du Nuss, le surnom de l’ainé des frères Buisson. Photographie extraite de Détective du 20 avril 1953

Source : collection Philippe Zoummeroff

Jean-Baptiste Buisson n’est plus tout jeune lors de son arrestation de 1952 et les années d’emprisonnement en maison centrale pèsent sur cet homme qui sera condamné aux travaux forcés à perpétuité. Il effectua une quarantaine d’années de prison avant sa libération conditionnelle. Photographie extraite de Détective du 20 avril 1953.

Dans son livre, Retour à Liancourt, publié en 1997, Alphonse Boudard décrit les vieux détenus de Liancourt, prison-sanatorium pour tuberculeux et prison-hospice pour de vieux détenus. Parmi eux figure Jean-baptiste Buisson : "Le bâtiment 3 est réservé aux vieux. Là où aboutissent les malfrats septuagénaires qui ont échappé à la guillotine, à la maladie, aux armes des règlements de compte. En descendant aux soins, par la fenêtre, je les aperçois. Ils peuvent disposer de la cour de promenade du matin au soir. Dès qu'il fait beau, ils viennent jouer aux boules ou se chauffer au soleil sur quelques bancs. les vieillards peu à peu se ressemblent. Seule la couleur de leur uniforme les différencie des pensionnaires de l'asile du Kremlin-Bicêtre. Il y a au bâtiment 3 d'anciennes vedettes du sang à la une sous cet aspect de paisibles pépères. (...) Il y a Le Nuss. Une figure du vieux mitan. Il a flingué un jeune voyou qui traitait post mortem son frère de balance (...) . Un teigneux encore à 75 berges Le Nuss. Les matons en ont le trac. Il n'a plus rien à perdre, une lame peut toujours jaillir de son droguet."

A. Boudard, Retour à Liancourt, Paris, Ed. du Rocher, 1997, p. 76

Source : collection Jean-Claude Vimont

Le bar la Sirène, rue Saint-Denis à Paris, était fréquenté par des proxénètes, des prostituées et des hommes du Milieu. Il avait déjà été le théâtre d’un meurtre quelques années avant le meurtre de Robert l’Avocat par Émile Buisson. Les difficultés des enquêteurs, bien connues, résultèrent des silences du Milieu pendant quelques mois.  Photographie extraite de Détective, numéro du 20 avril 1953.

Source : collection Jean-Claude Vimont

Le 4 mai 1953, Détective évoquait les mésaventures d’un complice d’Émile Buisson lors du holdup commis à Troyes en 1937, l’un des premiers holdups commis avec des voitures puissantes. Émile Courgibet comparut aux assises de Troyes en 1953 et fut condamné à cinq années de réclusion pour l’agression contre les encaisseurs du Crédit Lyonnais. Depuis 1938, après l’aventure en Chine avec les frères Buisson, il vivait à new York de son métier d’ébéniste. En 1917, il avait déserté pour une prostituée qu’il tua à coups de couteau lors d’une scène. Il fut condamné à huit années de travaux forcés. En 1922, il s’évada du bagne de Guyane. En 1933, il revint à Paris. Le Milieu le surnommait Émile l’Evadé.

Source : collection Jean-Claude Vimont

Contrairement à la légende erronée de Détective (numéro du 27 juin 1955), Roger Dekker pratiqua les holdups avec Émile Buisson et non avec Pierre Carrot. En 1955, il tenta de s’évader de la maison centrale de Fontevrault où il purgeait une sentence de travaux forcés à perpétuité. Il était accompagné de Gustave Merlin et de Georges Damen. Le journal le présentait comme « un romanichel à face de brute », rappelait sa précédente évasion de la prison de Caen et l’aide qu’il avait apporté à Émile Buisson lors de l’évasion de l’hôpital psychiatrique de Villejuif.