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Les « vrais » Tontons flingueurs

Pierre Loutrel dit "Pierrot le Fou"

Jean-Claude Vimont

Source : collection Philippe Zoummeroff

Pierre Loutrel fut affublé de plusieurs surnoms : Pierrot la valise à ses débuts dans le milieu, puis Pierrot la voiture parce qu'ill affectionnait les cylindrées puissantes ou encore Pierrot le fou, pour sa facilité à appuyer sur la gachette.

Parmi les voitures attribuées à Pierrot le fou, on compte - outre les fameuses tractions avants - la prestigieuse Talbot-Lago T23 carrosée par Chapron, en 1939. Celle de Pierre Loutrel aurait été de couleur rouge. L'automobile représentée ici a appartenue avec certitude à Pierre Loutrel. Si le propriétaire est certain, l'identification du modèle l'est beaucoup moins. Elle ressemble à une variante d'Hispano-Suiza H6 C ou une Simca sport Deho qui aurait troqué sa capote contre un hard-top. Elle a les phares dans la calandre comme une Peugeot 402, une découpe de capot qui évoque les Alfa-Roméo 6C ou 12C... Consulté à ce sujet, M Martin Biju-Duval (conservateur du musée Schlumpf) penche pour un bricolage de carrossier. Cette interprétation converge avec celle de Jacques Borgé et Nicolas Viasnoff, Les voitures de police et de gangsters, Paris, Balland, 1978, p. 143.

Source : collection Philippe Zoummeroff

Portrait photographie Pierre Loutrel. Non daté.

Source : collection Philippe Zoummeroff

Pierre Loutrel. Photographie anthropométrique non datée, fréquemment reproduite dans les ouvrages consacrés au gang des tractions avants.

Source : collection Philippe Zoummeroff

Pierre Loutrel. Photographie anthropométrique non datée.

Source : collection Philippe Zoummeroff

Après l’épisode sanglant de Saint-Maur Champigny où plusieurs membres du gang faillirent être capturés, la presse révèle les noms de plusieurs des gangsters, non sans commettre des erreurs. Cette photographie de Pierre Loutrel portant la date du 10 octobre 1946 servit probablement aux policiers dans leur traque du chef du gang. Loutrel commit peu après son dernier forfait en attaquant une bijouterie à Paris, rue Boissière. C’est en rengainant mal son P.38 qu’il se blessa gravement au bas-ventre. Il fut opéré sous un faux nom à la clinique Diderot, avenue Daumesnil puis évacué dans la nuit du 10 au 11 novembre par ses complices les deux « Joe » (Attia et Boucheseiche). Une hémorragie se déclara pendant le transport et il mourut quelques heures après à Porcheville. Ses complices décidèrent de l'enterrer clandestinement sur l'île inhabitée de Gillier.

Source : collection Philippe Zoummeroff

Ses fossoyeurs ayant gardé le silence, Pierre Loutrel reste recherché deux ans durant par les polices de France et en Europe. On lui attribue des casses, ses complices le déclare en fuite dans quelque pays d'Amérique du sud. En mai 1949, la vérité éclate : Pierre Loutrel serait mort et enterré depuis 30 mois.

Sur indication d'Edmond Courtois, un ami de Loutrel, ancien des Bat’ d’Af’, les policiers se rendent sur l'île Gillier pour débuter leur recherche.

Source : collection Philippe Zoummeroff

Découverte des restes de Pierre Loutrel le 7 mai 1949. Certains de ces clichés ont été publiés par le Parisien Libéré du 9 mai 1949. Le journal précisait que l’enquête était menée par l’inspecteur Ricordeau, policier que Pierre Loutrel avait grièvement blessé durant l’Occupation, en juin 1944.

Source : collection Philippe Zoummeroff

La dépouille de Pierre Loutrel est acheminée sur l’une des berges de la Seine. Certaines photographies de cet épisode macabre ont été publiées dans France Soir et dans le livre de Nicole Attia publié par sa fille. Georges Boucheseiche, détenu à Fresnes, fut inculpé en novembre 1950 de recel de cadavre.

Source : collection Philippe Zoummeroff

Détective du 16 mai 1949 disposa des photographies de l’exhumation de la dépouille de Pierre Loutrel.

Source : collection Philippe Zoummeroff

Après la découverte du corps de Pierre Loutrel, après la cascade d’arrestations de 1946 à 1949, la presse estima que l’équipée de Pierre Loutrel et de ses amis parisiens et marseillais était terminée. En témoigne cet article de Détective du 23 mai 1949.