6. La justice et la IIIe République

Plan du chapitre

La judiciarisation des conflits

Alors que la judiciarisation des litiges s’enracine, de grandes affaires bousculent la légitimité de l’institution judiciaire, désormais sommée de répondre à l’opinion publique.

La justice pacificatrice

La justice de paix que la Révolution avait instaurée en remplacement des justices seigneuriales poursuit une longue œuvre de conciliation pacificatrice dans chaque canton. Élus, souvent notables, les juges de paix accomplissent un patient travail judiciaire de proximité qui enracine la résolution judiciaire des petits litiges dans le pays. Supprimés et remplacés par les tribunaux d’instance en 1958, leur manque de compétence juridique avait entamé leur raison d’être, mais ils avaient pourtant joué un rôle décisif dans la judiciarisation de la société.

Les grandes affaires

Les scandales secouent la vie judiciaire de la IIIe République. La foule et l’opinion publique, désormais mobilisées par la presse, s’emparent des affaires et des verdicts. En 1892, le scandale du canal de Panama contraint à l’instruction rapide des soupçons de corruption des élites. De même, la condamnation par la justice militaire du capitaine Dreyfus en 1894, puis les procès d’Émile Zola, anéantissent le secret de la raison d’État. Toutefois, au-delà de la tourmente, ces tensions démontrent que c’est tout un pays qui s’approprie désormais sa justice.