Expositions / Fichés ? Photographie et identification du Second Empire aux années 60 /
Fichés ? Photographie et identification du Second Empire aux années 60

Premiers usages de la photographie

Archives nationales

La photographie au service de la préfecture de police

Les fichiers du Service de l'identité judiciaire de la préfecture de police, début des années 1950

Paris, archives de la préfecture de police

Sous le Second Empire, la préfecture de police collecte des portraits-cartes, dont le procédé est inventé en 1854 par Disdéri, pour assurer une sorte de repérage visuel des individus. Les archives de la préfecture de police ayant été détruites en 1871, il est difficile de connaître l’ampleur de ce procédé et il ne reste de cette époque que quelques témoignages d’un détournement de portraits, à l’origine d’albums consacrés à des catégories qui relèvent notamment de la police des mœurs : femmes galantes, homosexuels, individus se livrant au trafic de leur propre image pornographique. Strictement contemporains de ces procédés sont les progrès de la diffusion, via la presse illustrée, des portraits des grands criminels, réalisés après leur arrestation, qui servent autant de « trophées » à la police qu’à satisfaire la curiosité du public.

Registre dit des courtisanes, établi dans les années 1872-1873 à la préfecture de police

Paris, archives de la préfecture de police, BB1

Constitué juste après la Commune de Paris et l’incendie qui a ravagé les archives de la préfecture de police, cet imposant registre témoigne de la nécessité de reconstituer une mémoire policière et de rétablir ainsi le passé d’une masse d’individus qui se croyaient alors à l’abri des vérifications rétrospectives.

Registre dit des courtisanes, établi dans les années 1872-1873 à la préfecture de police

Paris, archives de la préfecture de police, BB1

Registre dit des courtisanes, établi dans les années 1872-1873 à la préfecture de police

Paris, archives de la préfecture de police, BB1

Registre des images obscènes saisies à Paris par la police des mœurs, 1862-1865

Paris, archives de la préfecture de police, BB3

Dans ces registres, on voit comment les portraits-cartes inventés par Disdéri en 1854 ont très tôt rempli des albums consacrés à des catégories surveillées notamment par la police des mœurs : les femmes galantes ou demi-mondaines, les homosexuels, les hommes et les femmes se livrant au trafic de leur propre image pornographique. Diffusés en grand nombre par celles et ceux qui appartiennent souvent au monde du théâtre, ces portraits-cartes tombaient facilement entre les mains de la police. Ce détournement de l’image génère ainsi de curieux répertoires, suffisants pour compiler des informations sur un petit nombre d’individus, où les portraits sont associés à de brèves notices biographiques rappelant les parcours, le milieu et la nature des déviances ou spécialités.

Registre des images obscènes saisies à Paris par la police des mœurs, 1862-1865

Paris, archives de la préfecture de police, BB3

Registre des images obscènes saisies à Paris par la police des mœurs, 1862-1865

Paris, archives de la préfecture de police, BB3

Album de photographies de criminels, mars 1864

Paris, archives de la préfecture de police, n.c.

Initialement, seuls quelques criminels parmi les plus remarquables étaient photographiés par le service de la préfecture pour enregistrer et conserver leur visage mais aussi pour permettre la diffusion des portraits de criminels célèbres condamnés à la guillotine.

Album de photographies de criminels, mars 1864

Paris, archives de la préfecture de police, n.c.

Album de photographies de criminels, mars 1864

Paris, archives de la préfecture de police, n.c.

Avis du conseil de l’inspection générale des prisons sur la proposition du directeur de la maison centrale de Clairvaux d’acheter un appareil photographique pour chacune des maisons centrales, 20 novembre 1863

Paris, Archives nationales, F7 12708

L’utilisation de la photographie pour identifier des criminels se heurte d’abord aux réticences de l’administration. Lorsque le directeur de la prison de Clairvaux propose d’équiper chaque maison centrale d’un appareil photographique, le Conseil de l’inspection générale des prisons refuse, jugeant le procédé peu fiable. Le conseil avance aussi des raisons morales : la photographie constituerait « une aggravation de peine non prévue par la loi et un moyen de plus d’empêcher tout retour au bien », d’autant plus que les portraits pourraient circuler, « abandonnés dans un greffe à la discrétion d’agents non responsables ».

Avis du conseil de l’inspection générale des prisons sur la proposition du directeur de la maison centrale de Clairvaux d’acheter un appareil photographique pour chacune des maisons centrales, 20 novembre 1863

Paris, Archives nationales, F7 12708