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Fichés ? Photographie et identification du Second Empire aux années 60

Identifier avant la photographie

Archives nationales

Identifier avant la photographie

Feuillets descriptifs de signalement d’individus sous surveillance, 1830-1850

Paris, Archives nationales, F7 12240

Avant la photographie, l’identification des réprouvés, recherchés ou condamnés ne se base pas seulement sur la mémoire visuelle. Depuis la Renaissance, il existe une tradition d’iconographie judiciaire, qui s’attache à représenter la figure des criminels. Dès le XVIe siècle, avec le développement de l’imprimerie, fleurissent les portraits gravés de grands meurtriers selon un usage qui perdure à travers les « canards » sanglants et autres illustrés à bon marché. Mais il existe un autre mode de description de l’apparence, fondé sur la seule écriture, privilégié par la justice puis la police : c’est le « signalement », d’origine carcérale et militaire, apparu à la fin du Moyen Âge. Longtemps après l’invention de la photographie, magistrats et policiers ont continué à considérer l’image comme un moyen d’identification moins fiable que le signalement écrit.

Feuillets descriptifs de signalement d’individus sous surveillance, 1830-1850

Paris, Archives nationales, F7 12240

À des fins d’identification, la justice puis la police préfèrent à l’image jugée imprécise, un mode de représentation de l’apparence, basé sur le « signalement » par écrit des caractéristiques physiques. Il enrichit les avis de recherche dès la fin du Moyen Age, puis se développe pour aboutir à des « feuilles de signalement » pré-imprimées. Leur usage à partir du XVIIIe siècle témoigne de la coopération croissante entre les instances judiciaires et la maîtrise par l’État de son territoire.

Feuillets descriptifs de signalement d’individus sous surveillance, 1830-1850

Paris, Archives nationales, F7 12240

Fiche avec dessin du comte Orsini, 1858

Paris, archives de la préfecture de police, boîte Affaires judiciaires 1860-1879

C’est à la tradition d’imagerie judiciaire inaugurée à la Renaissance qu’appartient ce portrait d’Orsini, révolutionnaire italien, auteur en 1858 d’un attentat contre Napoléon III. Très vite arrêté, Orsini est condamné à mort et aussitôt exécuté. Ici donc, il n’est nul souci d’identifier un criminel, comme dans un avis de recherche. Il s’agit de signifier l’appréhension symbolique du corps du criminel par la justice et son triomphe définitif. Ce thème a été remarquablement évoqué dans l’exposition Crime et châtiment, présentée au musée d’Orsay en 2010.