Identifier avant la photographie
Feuillets descriptifs de signalement d’individus sous surveillance, 1830-1850
Paris, Archives nationales, F7 12240
Avant la photographie, l’identification des réprouvés, recherchés ou condamnés ne se base pas seulement sur la mémoire visuelle. Depuis la Renaissance, il existe une tradition d’iconographie judiciaire, qui s’attache à représenter la figure des criminels. Dès le XVIe siècle, avec le développement de l’imprimerie, fleurissent les portraits gravés de grands meurtriers selon un usage qui perdure à travers les « canards » sanglants et autres illustrés à bon marché. Mais il existe un autre mode de description de l’apparence, fondé sur la seule écriture, privilégié par la justice puis la police : c’est le « signalement », d’origine carcérale et militaire, apparu à la fin du Moyen Âge. Longtemps après l’invention de la photographie, magistrats et policiers ont continué à considérer l’image comme un moyen d’identification moins fiable que le signalement écrit.